Chapter Four

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et Manage
Apres avoir itudie les quatre Vedas, ou trois,
ou deux, ou un seul Veda, celui qui n’a jamais
enfreint les regles du noviciat (brahmacharya) peut
entrer dans l’ordre des maitres de maison (grihastha).
» (Manu, III, 2.)
Ayant recu l’assentiment de son maitre, s’etant
purifie par un bain selon la regle, que le dvija
dont les etudes sont terminees epouse une -femme
de la meme classe que lui et douee d’excellentes
qualites. » (Manu, III, 4.)

Une jeune fille qui ne descende pas d’un de ses
aieux maternels, jusqu’au sixieme degre, et ne porte
pas le meme nom de famille que son pere. * (Manu,
III, 5.)
C’est un fait que * nous n’apprecions pas autant
un objet familier que celui qui nous demeure
cache ». C’est pourquoi un homme ne devrait pas
epouser une jeune fille apparent& aux families de
son pore ou de sa mere, mais plutot une personne
originaire d’une region eloignee.

Grace aux mariages avec des personnes originaires
de pays strangers et lointains, it sera plus
facile d’obtenir des nouvelles et des produits de ces
pays et en consequence les relations avec ces pays
seront plus etroites et plus solides.
o En s’unissant a une spouse, qu’un homme ait
soin d’eviter les dix families suivantes, alors meme
qu’elles seraient tres considerables et tres riches
en vaches, chevaux, elephants, or et grains. *
(Manu, III, 6.)

« La famille dans laquelle on neglige la religion,
celle qui ne produit pas d’hommes de valeur, celle
dans laquelle on n’etudie pas les Wdas, celle dont
les individus ont le corps couvert de poils longs et
epais, ou sont affliges soit d’hemorroides, de
phtisie, d’asthme, de bronchite, de dyspepsie,
d’epilepsie, de lepre ou d’albinisme. » (Manu,
III, 7), car toutes ces tares ou maladies se transmettent
aux enfants. Le mari et la femme devraient
tous deux appartenir a une famille excellente,
physiquement, moralement et intellectuellement.

4 Qu’il n’epouse pas une fille pale et anemique,
ou plus grande et plus forte que lui, ou ayant un
membre de trop, ou souvent malade, ou nullement
velue, ou trop veiue, ou insupportable par son
bavardage, ou ayant les yeux rouges. » (Manu,
III, 8.)
< Ou qui porte le nom d’une constellation, ou
d’un arbre, ou d’une riviere, ou d’une montagne,
ou un nom indiquant une origine basse, ou la
servilite, ou encore un- nom d’oiseau, de serpent,
ou un nom qui inspire l’effroi. » (Manu, III, 9.)
Ces noms sont meprisables et designent aussi
d’autres objets.

« Qu’il prenne une femme bien faite, dont le
nom soit agreable, qui ait la demarche gracieuse
d’un cygne ou d’un elephant, dont les cheveux
soient fins, les dents jolies et les membres d’une
douceur charmante. » (Manu, III, 10.)
Le meilleur mariage est celui par lequel les
jeunes gens se choisissent mutuellement apres avoir
termine leur education. Bienheureux le pays ou
l’on se consacre a la recherche de la connaissance,
ou l’on mene une vie chaste, et ou l’on se marie
selon les regles enoncees ci-dessus. Au contraire,
un pays court a la misere et a la ruine lorsque ses
habitants n’observent pas la chastete, ne recherchent
pas la connaissance, et pratiquent le mariage
precoce. Que le mariage soit precede du brahmacharya
et du perfectionnement de la connaissance :
voila la base de toute reforme utile et de tout
bonheur veritable.

On ne tolerera en aucun, cas les mariages d’enfants;
une jeune fille n’epousera jamais qu’un
homme digne d’elle.
o Qu’une fille, quoique nubile, attende pendant
trois ans, mais apres ce terme, qu’elle se choisisse
un mari qui soit son egal. * (Manu, IX, 90.)
« Pour une demoiselle en age d’être mariee,
mieux vaut rester dans la maison paternelle jusqu’a
sa mort, que d’etre jamais dorm& par son pere a un
epoux depourvu des qualites requises. » (Manu,
IX, 89.)

Jeunes gens et jeunes filles devraient avoir le
droit de se choisir mutuellement. Meme si les
parents arrangent un mariage, aucune decision
ne sera prise sans le consentement des interesses.
En choisissant eux-memes leur partenaire pour la
vie ils courront moins de chances de desaccord par
la suite et leurs enfants en beneficieront.
Un mariage impose ne saurait causer que du
malheur. Les veritables interesses sont le mari et la
femme, non leurs parents. Ce sont eux qui seront
malheureux s’ils ne peuvent s’entendre.

Dans toute famille ou le man se plait avec sa
femme, et la femme avec son mari, le bonheur, la
prosperite, l’honneur, sont assures pour jamais. *
(Manu, III, 60.) Au contraire, la ou le mari et la
femme se querellent, it n’y a rien que misere et
deshonneur.
Le svayamvara, mariage selon le choix mutuel,
est la forme la plus ancienne du mariage dans
l’Inde, et c’est aussi la meilleure. Avant de se marier,
le jeune homme et la jeune fille doivent s’assurer de
la conformite de leurs gouts et de leur nature sur
divers points tels que : savoir, caractere, beaute,
Age, vigueur, famille, stature, etc… Le mariage ne
saurait etre heureux que si l’harmonie est realisee
sur tour ces points.

a L’homme qui, apres avoir fait le vceu de chastete
a la premiere ceremonie d’initiation, l’a scrupuleuRETOUR
sement observe pendant sa vie d’etudiant, perfectionnant
ses connaissances, affinant son caractere,
lorsqu’il se marie dans le plein epanouissement de
sa jeunesse, cet homme est comme ne de -nouveau
(en connaissance et en sagesse). Son nom atteint
a la renommee et it est heureux. Il est ferme et
courageux; son esprit est concentre sur l’acquisition
de la connaissance et de la sagesse. Des hommes
erudits et pieux lui viennent en aide et l’elevent; it
se trouve ainsi honore parmi eux. Ceux qui se
marient sans avoir pratique le brahmacharya et
sans s’etre instruits auparavant, ou qui se marient
dans l’enfance, ceux-la sont \roues a la ruine et ne
sont pas respectes par les sages et les erudits. *
(Rig Veda, III, VIII, 4.)

« Lorsqu’elles (les jeunes fines) sont encore
vierges, semblables a des vaches qui n’ont jamais
donne de lait, lorsqu’elles ont passé leur enfance
s’instruire et a se cultiver et sont pretes a aborder
les responsabilites du mariage, lorsqu’elles sont
dans l’epanouissement de leur jeunesse, ayant
atteint par la pratique du brahmacharya un etat
d’excellence et de sagesse, qu’elles epousent des
hommes d’age correspondant et leur donnent des
enfants. s (Rig Veda, III, 55, 16.)

Tant que l’Inde a pratique le genre de mariage
decrit ci-dessus, precede par une vie de brahmacharya
vouee a la culture et au perfectionnement du
corps et de l’esprit, le pays &sit prospere et continuellement
en progres. Mais du jour ou les Indiens
ont neglige le brahmacharya et la poursuite de la
connaissance pour adopter la coutume du mariage
precoce — arrange par les parents — l’Inde n’a pas
cesse de decliner. Il convient donc que tous les
hommes de bien s’efforcent de supprimer cette
coutume pernicieuse et la remplacent par le mariage
par choix mutuel entre jeunes gens et jeunes filles
appartenant a la meme classe. La division en
classes doit d’ailleurs etre basee sur les aptitudes,
le caractere, les merites et les connaissances des
individus.

Question : Celui dont les parents sont brahmanes
est un brahmane, en verite, mais celui dont les
parents appartiennent a une autre classe, peut-il
jamais devenir brahmane ? — Le Yajur Veda dit :
« Les brahmanes sont nes de la bouche de Dieu, les
kshatriyas de ses bras, les vaishyas de ses cuisses et
les shadras de ses pieds. » (Yajur Veda, XXXI, 11.)
Re’ponse : Voici la veritable signification de ce
mantra : Dans cet univers cree et maintenu par le
Dieu omnipresent, celui qui est la tete, le chef parmi
les hommes, est appele brahmane. Celui en qui
resident essentiellement le pouvoir et la force (le
terme signifie egalement : bras, en sanskrit) est un
kshatriya. Celui qui, voyageant ici et la pour commercer,
se procure toutes choses (necessaires a la
communaute) par la force de ses jambes, maintient
la communaute comme les jambes supportent le
corps : it est appele vaishya. Enfin, un shadra,
parce qu’il est ignorant, est semblable aux pieds
situ& tout au bas du corps humain.

D’autres autorites interpretent encore ce mantra
de la meme facon. Par exemple, le Shatapatha
Brahmana dit : o Ceux-ci (les brahmanes) sont
dits nes de la tete parce qu’ils sont les totes — les
chefs. » De meme que la tete est l’organe le plus
eleve du corps, ainsi, dans les affaires publiques,
l’homme le plus noble et le meilleur est celui dont
la connaissance est parfaite, dont les oeuvres, les
merites et le caractere sont de la plus haute qualite.
C’est pourquoi it est appele brahmane.

Le sage Manu professe la meme opinion : « De
meme que le fils d’un shildra peut atteindre au
rang d’un brahmane si ses qualites, son caractere
et ses merites sont ceux d’un brahmane, de meme
le fils d’un brahmane peut devenir un shildra s’il
s’abaisse au meme niveau quant a son caractere,
ses goilts et ses manieres. De meme pour le fils
d’un kshatriya, ou pour celui d’un vaishya. En
d’autres termes, chaque personne devrait etre
placee dans la classe qui correspond A. ses aptitudes,
a ses merites et a son caractere. » (Manu, XX, 65.)

L’ Apastamba Sutra dit encore : « Un homme de
basse classe peut s’elever au niveau d’une classe
plus elevee en menant une vie de vertu. De meme
un homme de haute classe, en menant une vie de
peche, peut s’abaisser au niveau d’une classe plus
basse, et devrait alors etre considers comme appartenant
a cette classe. »
La meme regle convient egalement aux femmes.
Grace a l’application de cette loi, chaque classe
&ant composee par des individus posseclant toutes

les qualites requises pour y etre admis, se maintient
dans un etat de purete integrale. Aucun kshatriya
ou shildra n’est autorise a entrer ou a demeurer
dans la classe br ahmanique. De meme, les
classes des kshatriyas, des vaishyas et des shudras
demeurent dans leur integrite. Bref, it ne peut y
avoir aucun melange de classes; des lors, aucune
classe ne sera deshonoree aux yeux du public.

Q. : Supposons une famine n’ayant qu’un seul
enfant ; si celui-ci entre dans une classe differente,
qui s’occupera de ses parents dans leur
vieillesse ? De plus la lignee s’eteindra. Que ferezvous
dans un cas semblable ?
R.: Les vieux parents ne seront pas abandonnes,
et la lignee ne s’eteindra point, car l’Etat
(les Assemblees politique et educative) leur donnera
des enfants de la meme classe qu’eux en echange de
leurs propres enfants; ainsi ii n’y aura point de
confusion dans la societe.

Les jeunes gens a Page de vingt-cinq ans, et les
jeunes filles a Page de seize ans, seront repartis entre
les diverses classes, selon leurs aptitudes, leurs
merites et leur caractere. Its se marieront dans leur
propre classe. C’est ainsi, et ainsi seulement, que
tous rempliront fidelement les devoirs de leur classe
et que l’harmonie regnera.

Qualit& requises et devoirs des quatre classes
Bralmanes. 4 Etudier, enseigner, accomplir le
yajna (1), diriger les yajnas accomplis par d’autres,
donner des aurnones, recevoir des presents, tels
sont les six devoirs d’un brahmane. N (Manu, I, 88.)
« (1) Preserver l’esprit des mauvaises pensees; (2)
veiller a ce que les sens, au lieu de s’egarer, se
maintiennent sur la voie droite; (3) mener une vie
chaste par la pratique du brahmacharya; (4)
atteindre a la purete de l’esprit et du corps; (5)
avoir une foi inebranlable dans le pouvoir de la
verite et de la justice, tout en restant indifferent a
l’approbation et aux critiques du monde, au plaisir
et a la douleur, a la chaleur et au froid,

a la faim
et a la soif, au profit et a la perte, aux honneurs et
a la disgrace, au chagrin et a la joie, dans l’accomplissement
de ses devoirs; (6) cultiver la bonte du
cceur, l’humilite, la franchise et la simplicite; (7)
acquerir une profonde connaissance des Vedas et
autres Shastras, etre habile a enseigner, savoir
discerner le vrai du faux, posseder la connaissance
de toutes choses (animees ou inanimees) dans leur
realite; (8) connaitre liarfaitement toutes les entites
(materielles et spirituelles) et l’usage qu’il convient
d’en faire; (9) avoir une foi parfaite dans le Veda,
Dieu et le salut, croire aux vies anterieures et
ulterieures de l’ame, posseder l’amour de la justice

et de la connaissance, servir avec joie son pere, sa
mere, et les instructeurs de l’humanite. Ces
quinze traits caracteristiques doivent exister chez
celui ou celle qui aspire au nom de brahmane. *
(Bhagavad Gitd, XVIII, 42.)
Kshatriyas. <4 (1) Proteger le peuple par l’administration
d’une justice parfaite, sans crainte ni
faveur, respectant les bons, punissant les mechants;
(2) depenser l’argent pour repandre le savoir et
pour venir en aide a ceux qui le meritent ; (3) accomplir
le homa et autres yajnas;.(4) etudier le Veda et
les autres Ecritures sacrees; (5) eviter l’entrainement
des sens grace a la maitrise de soi, perfectionnant
ainsi constamment la puissance du corps
et de l’esprit. » (Manu, I, 89.)

o (6) Etre sans peur en luttant avec ses ennemis,
meme si l’on est seul contre des milliers d’hommes;
(7) etre courageux, digne, et libere de toute
faiblesse; (8) demeurer calme et resolu au milieu des
difficultes; (9) se montrer habile dans l’accomplissement
des devoirs publics; etre apte
Petude; ne jamais se sauver du champ de bataille,
mais combattre de maniere a s’assurer la victoire;
(10) avoir l’esprit liberal ; (11) etre juste envers
tous et toujours tenir ses promesses. »(Gita,
XVIII, 43.)
Tels sont les qualites requises et les devoirs d’un
kshatriya.

Vaishyas. o (1) Garder des troupeaux de }Detail,
les faire multiplier en ameliorant la race; (2) depenser
de l’argent pour favoriser les progres de la
connaissance et de la verite; (3) accomplir des
yajnas, tels que le homa; (4) etudier le Veda et
autres Ecritures sacrees; (5) preter a interets (1) ;
(6) cultiver la terre. (Manu, I, 90.)
Tels sont les qualites requises et les devoirs d’un
vaIshya.

Shudras. «Il convient a un shildra de gagner sa vie
en servant fidelement les brahmanes, les kshatriyas
et les vaishyas, sans leur manquer de respect,
sans faire preuve de jalousie ou d’orgueil. s (Manu,
I, 91.) Tels sont la qualite requise et le seul devoir
d’un shildra.
En placant les individus dans ces differentes
classes selon leurs qualites, leurs merites et leur
caractere, on assurera le progres de tous, car les
classes elevees craindront constamment de voir
leurs enfants relegues dans la classe des shfidras
s’ils wont pas Peducation requise. Cette meme
crainte poussera egalement les enfants a s’instruire
et a se cultiver. Tandis que les classes plus basses
s’efforceront d’acquerir les qualites qui leur donneraient
acces aux classes superieures.

En resume, Peducation et la predication de la
religion doivent etre confiees aux brahmanes : du
fait de leur vaste savoir et de leur caractere exemplaire,
ils sont les mieux qualifies pour remplir ces
devoirs. En confiant les affaires de l’Etat aux
kshatriyas, un pays ne souffre jamais d’un mauvais
gouvernement. S’occuper du betail, etc… est
l’affaire des vaishyas, car Hs sont doues pour les
travaux de ce genre. Un shiidra doit servir, car
&ant ignorant, it n’est qualifie pour rien de plus
eleve que de pourvoir aux besoins materiels de la
communaute.
C’est le devoir de celui qui gouverne et des autres
personnes responsables, de veiller a ce que les
quatre classes accomplissent leurs devoirs ficklement.

Le manage
Il y a huit sortes de manages: 1, brahma ; 2, daIva;
3, arsha; 4, prdjdpatya; 5, dsura; 6, gdndharva;
7, rdkshasa; 8, paishacha. (Manu, III, 21.)
1. Brahma : manage par consentement mutuel de
deux personnes ayant acquis une culture et des
connaissances parfaites et l’esprit d’equite, grace a
la pratique du brahmacharya.
2. Daiva : manage par lequel un Ore donne sa
fille richement parse a l’officiant, lors d’un grand
yajna.
3. Arsha : manage selon lequel le pere accorde la
main de sa fille apres avoir recu des presents du
pretendant.
4. Prajapatya : manage contracts par les deux
parties dans le but exclusif de servir la cause de la
religion.
5. Asura : manage dans lequel le mane et l

mariee ont tous deux recu des cadeaux (dans le
but d’influer sur la decision des parents).
6. Gandharva : union d’un jeune homme et
d’une jeune fille; nee du desir mutuel, elk a pour
but les plaisirs de l’amour et ne tient aucun compte
des lois etablies.
7. Rakshasa : enlevement par force ou par fraude
d’une jeune fille habitant la maison paternelle.
8. Paishacha : seduction d’une jeune fille endormie,
enivree, ou dont la raison est egaree.
De ces huit sortes de mariages, le mariage brahma
est le meilleur ; les manages dalva et praj apatya sont
de qualite moyenne. Les modes arsha, asura et gandharva,
de qualite inferieure ; le rakshasa est de nature
basse, tandis que le paishacha est le pire de tous.

Il est essentiel que les jeunes gens ne se rencontrent
pas seuls avant le mariage, car une telle rencontre
peut avoir de mauvaises consequences.
Lorsque les jeunes gens et les jeunes flues sont
en age de se marier, six a douze mois avant la fin
de leur education, les photographies ou portraits
des garcons seront envoyes aux professeurs de
recole des filks, et reciproquement.
Lorsque les professeurs auront remarque des
jeunes gens et des jeunes flues qui se ressemblent,
ils feront venir le « journal « de chaque enfant (1),
et l’etudieront avec soin. S’il leur semble qu’un

jeune homme et une jeune fille ont des dispositions
semblables et paraissent destines a se convenir
mutuellement, ils communiqueront a chacun
le portrait et le journal de l’autre en lui demandant
si ce mariage lui plairait. Si les jeunes gens envisagent
favorablement cette idee, on s’arrangera de
maniere a celebrer le meme jour leur ceremonie de
retour a la maison. On leur donnera l’occasion de
converser ou d’avoir une discussion sur un sujet
quelconque, afin d’eprouver mutuellement leur
valeur et leurs connaissances. Cette entrevue aura
lieu en presence des professeurs, des parents et
autres personnes respectables. Si les jeunes gens
desirent se poser des questions personnelles, ils
pourront le faire par ecrit devant l’assemblee.

Aussitot qu’ils sentiront qu’ils s’aiment assez
pour se marier, ils en prendront la decision. On
les soumettra alors a un regime alimentaire fortifiant,
afin que leur corps, affaibli par la rigide
discipline du brahmacharya et la consecration
exclusive a (‘etude, puisse gagner en vigueur, cornme
la nouvelle lune grandit jusqu’a la pleine lune.
Le mariage pourra avoir lieu soit dans l’ecole,
en presence des professeurs, soit dans la famille
de la jeune fille.
On erigera un dais au-dessus de la ye& ou l’on
accomplira le homa avec du beurre clarifie et des
substances odoriferantes. Le marie et la man&
inviteront des hommes et des femmes enidits et
leur rendront hommage.

Qu’ils fassent tout ce qui
est necessaire en cette occasion, selon les instructions
donnees dans notre livre, le « Samskara Vidhi #(1).
Joyeusement, les jeunes manes uniront leurs mains
devant tous, et la ceremonie du mariage devra se
terminer avant dix heures du soir ou avant minuit;
apres quoi, chacun se retirera.
(Suivent un certain nombre de considerations et de
conseils relatifs aux rapports sexuels a aux conditions
favorables a la procreation) (2).

Lorsque la conception a eu lieu, le marl doit
s’abstenir de tout rapport avec sa femme pendant
une armee. De cette facon, l’enfant a naitre sera
plus fort et plus intelligent, de meme que les enfants
qui suivront. Si l’on ne respecte pas cette
regle, l’element reproducteur se trouve perdu, la
vie de l’homme et de la femme est abregee, et ils
sont affliges de diverses maladies. Neanmoins, le
man et la femme ne devraient jamais cesser de se
traiter d’une maniere affectueuse.

La femme devrait se soigner a partir du quatrieme
mois, et tout particulierement a partir du
huitieme mois. Elle ne devrait jamais user de purgatifs,
d’aliments secs et peu nourrissants, d’intoxicants
et autres substances prejudiciables a la
croissance de l’intellect et a la vigueur physique.
Elle prendra, au contraire, du bon Hz, du We, des
lentilles et des pois, du beurre clarifie et du lait.
Elle variera d’ailleurs son regime suivant le climat du
pays oa elle habite et suivant les saisons de Pannee.

Deux sacrements seront accomplis durant la
grossesse, le premier au quatrieme et le second au
huitierne mois.
Apres l’accouchement, la mere et l’enfant seront
l’objet de soins attentifs. Lorsqu’ils auront ete
baignes dans de l’eau tiede et parfumee, lorsque
la chambre sera parfaitement propre, on accomplira
le homa. Puis le pere dira ces paroles dans
l’oreille droite de l’enfant : s Ton nom est Veda.
Ensuite, it trempera un stylet d’or dans un melange
de miel et de beurre clarifie et, sur la langue du
nouveau-ne, it ecrira la syllabe AOM. L’enfant
pourra lecher un peu de cette mixture sur le stylet,
apres quoi it sera remis a sa mere.

C’est le onzieme jour apres la naissance qu’il
convient d’accomplir le sacrement qui confere un
nom a l’enfant.
* Dans toute famille oti le mari se plait avec
sa femme, et la femme avec son mari, le bonheur
est assure pour jamais. » (Manu, III, 60.) La ou
les epoux se querellent, on trouve en permanence
la pauvrete, le malheur et la misere.
Certes, si une femme ne plait pas it son mari,
elle ne fera pas naitre la joie dans son cceur; et si
le mari n’eprouve pas de joie, le mariage demeurera
sterile. » (Manu, III, 61.) Si des enfants naissent
tout de meme, ils seront mechants et d’une nature
inferieure.
« Si le mari ne plait pas it sa femme, elk n’est
pas heureuse et, en consequence, la famille entiere
est sans joie. Si la femme est heureuse avec son

mari, la famille entiere vit dans la felicite. » (Manu,
III, 62.)
Que les femmes soient honorees par leurs
pores, leurs freres, leurs marls, et les freres de leurs
marls. Que tous leur parlent doucement, leur procurent
une nourriture agreable, de beaux vetements,
des joyaux ; en un mot, qu’ils les rendent heureuses.
Ceux qui desirent la prosperite et le bonheur ne
devraient jamais causer de peine aux femmes. *
(Manu, III, 55.)
a La famine oil les femmes sont honorees donne
naissance a de grands hommes; mais dans celle ou
on ne les honore pas, tous les actes pieux sont
steriles. Toute famille ou les femmes vivent dans
l’affliction, du fait de la mauvaise conduite de leur
mari, ne tardera pas a s’eteindre; mais lorsque les
femmes sont heureuses, la famille augmente et ne
cesse de prosperer. » (Manu, III, 56, 57.)

C’est pourquoi les hommes qui desirent la
richesse et la prosperite doivent honorer les femmes
de leur famille et leur donner des parures, des
vetements et des mets recherches tors des fetes et
des ceremonies solennelles. a (Manu, III, 59.) Que
l’homme et la femme, chaque fois qu’ils se rencontrent
ou se quittent, durant le jour comme durant
la nuit, se saluent en disant : a namaste » (ce qui
signifie : a je vous respecte a).
a Une femme doit toujours etre de bonne humeur,
conduire avec adresse les affaires de la
maison, prendre grand soin des ustensiles de menage,
faire regner l’ordre, et veiller a ce que tous

les aliments soient dans un etat de purete et de
proprete parfaites. Elle n’aura pas la main trop
large a la depense. Que la cuisine soit assez bien
faite pour agir sur l’organisme a la facon d’un
medicament salutaire, eloignant toute maladie
physique ou mentale. Que la femme tienne un
compte exact de ses recettes et de ses depenses,
et qu’elle le montre a son marl si necessaire. Qu’elle
traite ses serviteurs avec bonte et veille a ce que
tout marche bien dans la maison.* (Manu, V, 150.)
« Une femme vertueuse, les pierres precieuses,
la connaissance, la verite, la purete, un bon conseil
et les divers arts liberaux, doivent etre recus de
quelque part qu’ils viennent. » (Manu, II, 240.)

« Qu’un homme dise la verite, qu’il dise des
choses qui fassent plaisir, qu’il ne declare pas la
verite desagreable, et qu’il ne profere pas de mensonge
agreable : telle est I,’ eternelle loi. Qu’il pule
avec bonte, disant ce qui est bon pour les autres,
mais qu’il ne conserve pas d’inimitie sans raison, et
ne cherche querelle a personne mal a propos.
(Manu, IV, 138, 139.)
Qu’il dise ce qui est bon pour un autre au risque
meme de l’offenser. Dans le Mahabharata, le sage
Vidura dit : « Dans ce monde, Co Dhritardshtra,
nombreux sont ceux qui disent volontiers des
choses agreables pour plaire aux autres et pour les
flatter; mais rare est celui qui veut bien dire ou
entendre une verite desagreable aux oreilles, meme
pour son bien. »

« Que l’homme et la femme lisent et recitent
chaque jour le Veda et les autres Shastras, qui developpent
l’intelligence et enseignent les moyens
d’acquerir des richesses et de favoriser la prosperite.
Qu’ils se rememorent tout ce qu’ils ont appris
au cours de leur vie d’etudiant, et qu’ils l’enseignent
a d’autres. En effet, dans la mesure of un homme
comprend les Shastras, it voit augmenter son savoir
et sa sagesse, de meme que son attachement pour
les Ecritures. » (Manu, IV, 19, 20.)

o Qu’il s’efforce d’accomplir les cinq grands
devoirs quotidiens : brahmayajna, devayajna, pitriyajna,
balivaishvadevayajna, atithiyajna. N (Manu,
IV, 21.)
Nous avons dej a decrit les deux premiers dans
le chapitre qui precede. Resumons :
1. Brahmayajna : comprend l’etude et l’enseignement
du Veda et autres Shastras, les samdhyopasanas
du matin et du soir, et la pratique du yoga.
2. Devayajna : comprend les oblations, dans le
feu, de beurre clarifie et de substances odoriferantes,
la frequentation des hommes instruits et
pieux, la pratique de la purete, de la verite et d’autres
qualites analogues, et le fait de travailler au progres
de la connaissance.

Ces deux devoirs doivent etre accomplis deux
fois par jour, au lever et au coucher du soleil.
3. Pitriyajna : consiste a servir les lettres, les
grands instructeurs, son pere, sa mere, les gees
ages et les grands yogins.
4. Balivaishvadevayajna : consiste a faire, au moment du repas, des oblations dans le feu, ou des
offrandes d’une petite quantite de nourriture, en
recitant des mantras.
a Qu’il depose doucement par terre la part de
nourriture destine aux chiens, aux parias, a ceux
qui sont afffiges de maladies graves, telles que la
lepre, aux corneilles (ou autres oiseaux), aux fourmis
(ou autres insectes). * (Manu, III, 92.)

5. Atithiyajna. Un atithi (Mote) est celui dont
la date d’arrivee n’est pas certaine. Lorsqu’un
sannyisin vertueux, un yogin ou un lettre accompli,
prechant la verite, voyage pour le bien de tous,
s’il rend visite a un maitre de maison, celui-ci doit
le recevoir de la maniere suivante : Il lui offrira
d’abord de l’eau pour se laver le visage et les pieds,
et pour boire; ensuite, it lui offrira respectueusement
un siege confortable, une nourriture agreable,
des vetements; it le servira et veillera assid6ment
a son confort. Il profitera ensuite de sa
presence pour recevoir de sa parole les connaissances
materielles et spirituelles qui lui permettront
d’acquerir la vertu, la richesse, de satisfaire des
&sirs legitimes, et de realiser son salut. Qu’il se
conduise selon ces sages conseils. Dans certaines
occasions, les maitres de maison et les rois peuvent
aussi etre honores comme atithis, mais « it ne faut
jamais honorer, meme par une salutation, ceux qui
meprisent le Veda, ou se conduisent contrairement
a ses enseignements, ni ceux qui disent des
mensonges et pratiquent la fraude.* (Manu, IV, 30.)

Qu’un homme se reveille de bonne heure (a
quatre heures environ); ayant satisfait ses besoins
naturels et pris un bain, qu’il reflechis.se sur les
moyens d’acquerir la vertu et les avantages honnetes,
sur la cause des maladies physiques (s’il en
a), et qu’il medite sur Dieu. * (Manu, IV, 92.)
L’homme ne devrait jamais mener une vie d’iniquite.
« L’iniquite pratiquee dans ce monde ne
reste pas impunie; si elle ne produit pas des fruits
immediats, elle s’etend peu a peu et mine la racine
merne du bonheur. > (Manu, IV, 172.)

Qu’un honnete homme enseigne a ses eleves
la verite et la justice, telles qu’elles sont exposees
dans le Veda, la noblesse du caractere et la purete. »
(Manu, IV, 175.)
« Qu’il n’ait jamais aucune contestation avec
l’officiant dans un yajna, ou avec un precepteur
spirituel, un oncle maternel, un hike, un protege,
un enfant, un homme age, un malade, un medecin,
avec ses parents du cote paternel, avec des hommes
de sa propre classe, des parents par alliance, des
amis, avec son pere et sa mere, ses freres et ses
sceurs, avec sa femme, sa fille ou ses serviteurs.
(Manu, IV, 179, 180.)

Le dvija qui ne pratique pas d’austerites, celui
qui n’etudie pas le Veda, celui qui est avide de
presents, ces trois-la s’enfoncent dans les plus
grandes profondeurs de la misere, comme s’enfonce
un homme qui tente de traverser l’ocean sur un
bateau de pierre. » (Manu, IV, 190.) Et ceux qui
leur ont donne des presents s’enfoncent egalement
avec eux; car « les richesses, meme acquises par
des moyens honnetes, que l’on donne a ces trois
individus, ruinent le donateur dans cette vie, et le
beneficiaire dans la vie a venir. » (Manu, IV, 193.)

Caracteres distinctifs des imposteurs
On n’accordera aux imposteurs ni sa confiance,
ni ses services. Les imposteurs peuvent etre classes
scion les categories suivantes :
1. Dharmadvajin. Celui qui, brandissant l’etendard
de la vertu, se garde de la pratiquer, rnais
abuse des autres hommes au nom meme de la
vertu.
2. Saddlubdha. Le convoiteur.
3. Chhddmika. Le trompeur.
4. Lokadambhaka. Celui qui se vante de sa
grandeur.
5. Himsra. Celui qui souhaite le mal et qui fait
du mal aux hommes ou aux autres creatures.

6. Sarvabhisandhaka. Celui qui frequente toutes
sortes de gens, bons et mauvais.
7. Adhodrishti. Celui qui baisse toujours les
yeux afin de se faire prendre pour un homme tres
vertueux.
8. Naishkritika. L’etre cruel et vindicatif, toujours
pret a tuer pour se venger de la plus legere
injure.
9. Svarthasildhantatpara. Celui qui ne songe
qu’a atteindre son but egoiste, meme par la fraude,
l’injustice et l’hypocrisie.
10. Shatha. Celui qui persiste dans son obstination,
alors meme qu’il se sait dans l’erreur.

11. Mithyaviniti. Celui qui se donne un air
serieux, et s’efforce de se faire prendre pour un
saint dans le but de tromper les autres.
De meme que la fourmi blanche eleve peu a peu
sa fourmiliere, de merne it convient que l’homme
accroisse graduellernent sa vertu; en evitant d’affliger
aucune creature vivante, it obtiendra le bonheur
dans l’autre monde », car « dans l’autre monde, ni
son pere, ni sa mere, ni sa femme, ni ses fils, ni ses
parents ne pourront rien pour lui; la vertu seule
lui viendra en aide. » « L’homme nait seul, meurt
seul, recoit seul la recompense de ses bonnes
actions (le bonheur) et la punition de ses mefaits
(la souffrance). » (Manu, IV, 238 a 240.)

Lorsqu’un homme meurt, apres avoir abandonne
son cadavre a la terre, comme un morceau
de bois ou une motte d’argile, ses parents s’eloignent
en detournant la tete; nul ne peut le suivre.
Sa vertu seule lui tient compagnie. » (Manu, IV,
241.)
« Qu’il pratique done la vertu sans cesse pour
s’assurer le bonheur dans le monde a venir; c’est
grace a la vertu seulement que l’ame peut tra
verser les tenebres impraticables de la misere et de
la souffrance. » « L’homme qui a pour but principal
la vertu, dont les peches ont ete effaces par la pratique
de la justice, atteint l’Etre glorieux dont le
corps est l’akasha — l’esprit tout brillant de lumiere
— par le seul fait de sa vertu. » (Manu, IV,
242, 243.)
s Celui qui est perseverant dans ses entreprises,

enclin a la douceur, maitre de lui, qui fuit la compagnie
des hommes mechants et cruels, qui est
incapable de nuire a une creature vivante, s’il
persiste dans cette bonne conduite, it obtiendra le
ciel par sa continence et sa charite. »
o Que l’homme evite done sans cesse les peches
tels que le mensonge, et qu’il pratique la vertu;
par une conduite vertueuse, la pratique du brahmacharya,
la maitrise des passions, etc…, it obtiendra
une longue vie, de beaux enfants et des tresors
imperissables. La conduite vertueuse detruit tons
les vices. Un homme depourvu de vertus est un
objet de mepris aux yeux des hommes de bien; it
sombre dans la misere, souffre de maladies, et sa
vie est courte. » (Manu, IV, 156, 157.)

Qu’il evite avec soin tout acte qui depend d’un
autre; qu’il s’applique au contraire avec zele
toute fonction qui ne depend que de lui-meme.
(Manu, IV, 159.)
Car o la dependance, c’est la souffrance, tandis
que l’independance, c’est la joie. Qu’il reconnaisse
en cette formule la veritable definition de la joie
et de la souffrance. * (Manu, IV, 160.)
Tout ce qui depend de deux personnes doit etre
decide par consentement mutuel. Ainsi, le marl et la
femme etant dependants l’un de l’autre, doivent
se traiter avec affection et vivre harmonieusement.
Its doivent rester fideles l’un a l’autre et ne pas se
quereller. La femme, sous le controle de son maxi,
administrera la maison et le menage. Its s’aideront

Pun l’autre a ne pas contracter de vices et se rappelleront
qu’ils appartiennent entierement Pun a
l’autre. Qu’ils ne fassent rien contre la volonte l’un
de l’autre. Que le mari soit toujours content de sa
femme et la femme de son mari. S’ils appartiennent
a la classe des brahmanes, que le mari enseigne
des garcons et que la femme enseigne des filles, si
elle possede les qualites requises. L’epoux est un
dieu pour l’epouse, et l’epouse une deesse adorable
pour l’epoux. Tant qu’ils demeurent dans leurs
ecoles respectives, que les eleves considerent leurs
maitres comme leurs parents et que les maitres
considerent leurs eleves comme leurs enfants.

Quathis requises des professeurs
Celui-la seul est sage qui n’est jamais paresseux,
qui ne se laisse pas affecter par le plaisir ou par la
douleur, le profit ou la perte, les honneurs ou le
deshonneur, les louanges ou la censure; celui qui,
ayant affermi sa foi dans le dharma, ne saurait etre
tente par les objets des sens.
« Pratiquer la vertu, eviter le peche, ne jamais mal
parler de Dieu, des Vedas, ou de la conduite equitable,
avoir en Dieu une foi sans borne — tels
sont les devoirs d’un homme sage. La premiere
aptitude d’un homme sage, c’est de pouvoir saisir
tres rapidement le sujet le plus difficile ; plusieurs
annees de sa vie seront vouees a l’etude et a la
meditation des Shastras.

Ses connaissances, devront
servir au bien des autres ; it ne fera rien dans un
but de gain egoiste, it evitera de donner son opinion
si on ne la lui demande et n’interrompra pas celui
qui park. »
« Celui-la seul est savant et sage, qui ne desire
pas l’impossible, qui ne s’attarde pas a regretter
ce qu’il a perdu, qui ne perd pas la tete dans l’infortune.
*
Celui-la seul est savant et sage qui, ayant maitrise
diverses branches du savoir, peut discourir
sur n’importe quel sujet et conduire un &bat. Etant
bon logicien et doue d’une memoire fidele, it saura
facilement expliquer la signification des Shastras.*

En verite, seul a le droit au titre de sage celui
dont la formation intellectuelle est conforme a la
verite qu’il a apprise, celuifini ecoute la lecture
des Shastras qui sont en harthonie avec la raison,
et qui !Ilene la vie d’un homme integre…et bon. *
(Mahabh arat a Vidurapraj agar Parva (Udyogaparva)
XXXII.)
Partout ou l’on rencontre de tels instructeufs,
la connaisSance, la justice et la bonne conduite ne
peuvent manquer de progresser, et le bonheur en est
la consequence.

Caracteres des instructeurs indesirables et des
sots
« Celui qui n’a pas entendu lire de Shistras, et
qui n’en a pas lu, est extremement vaniteux; it fait
des projets fastueux malgre so pauvrete, desire
obtenir les choses sans faire le moindre effort; par
les sages, il est considers comme un sot. *
Celui qui entre dans une assemblee ou dans la
maison d’un autre sans y avoir eta invite, qui occupe
un siege superieur a son rang, qui bavarde continuellement
sans qu’on l’ait prig de parler, celui
qui est trop credule (placant sa confiance en ceux
qui en sont indignes, et croyant en ce qui n’est pas
digne de foi), celui-la est veritablement un imbecile
et un etre bas. N (Mahabharata, Viduraprajagar
Parva (Udyogaparva) XXXII.)

La ou on confie a des hommes de ce genre le
soin de precher et d’enseigner, et partout oil on les
honore, leur ignorance, leur injustice, leurs mauvaises
manieres, leurs discordes et leurs querelles
se developpent, et le chagrin et la misere augmentent
d’autant.

Defauts des etudiants
L’inertie physique et mentale, I’usage des
intoxicants, la fatuite, le bavardage inutile, le
manque d’assiduite a l’etude, la vanite, la negligence
dans (‘observance du brahmacharya, tels sont les
sept defauts qui se rencontrent parmi les etudiants.
Ceux qui se laissent aller a ces defauts n’obtiendront
jamais la connaissance.
41 Comment celui qui cherche le plaisir pourrait-
il acquerir la connaissance ? Comment un
etudiant peut-il jouir des plaisirs des sens (et
cependant assimiler le savoir) ? Que celui qui
recherche le plaisir dise adieu a la connaissance,
et que celui qui recherche la connaissance abandonne
les plaisirs sensuels. (Mahabharata, Viduraprajagar
Parva (Udyogaparva) XXXIX.)

Qualit& des bons etudiants
« Seuls ceux qui pratiquent la vertu et maitrisent
leurs passions sont de vrais brahmachiirins et deviennent
des savants. *
Il s’ensuit dons que les professeurs, aussi bien
que les eleves, devraient posseder d’excellentes
qualites.
Les professeurs doivent cultiver chez les etudiants
: la verite en parole, en action, en pensee,
le savoir, la maitrise de soi, la douceur du caractere,
le developpement parfait de l’esprit et du
corps, afin qu’ils puissent acquerir une bonne
connaissance des Vedas et des Shastras. Les maitres
devraient s’efforcer de debarrasser les eleves de
leurs defauts, et les instruire avec diligence. Les
eleves doivent cultiver sans reliche la maitrise de
soi, la serenite mentale, l’affection envers leurs
maitres, la reflexion et l’habitude de travailler avec
application. Its devraient tendre a la perfection
de la connaissance, du dharma, du developpement
corporel (afin de parvenir a l’ age le plus avance
qu’il soit donne a l’homme d’atteindre). Its devraient
apprendre a bien travailler. Tels sont les devoirs
des briihmanes.

Les devoirs des kshatriyas sont decrits dans le
chapitre relatif au gouvernement (1).
Les devoirs des vaishyas sont : d’apprendre les
langues de divers pays, les methodes de divers
metiers, les taux et les prix courants (de differents
(1) Chap. VI.
articles), l’art d’acheter et de vendre, de voyager
en divers pays (dans un but commercial, etc…),
de conduire utilement des affaires, d’elever du
betail et autres animaux, de perfectionner l’agriculture,
d’augmenter la richesse, et de la depenser
pour favoriser le progres de la connaissance et du
dharma, d’être vrais en paroles et denues de toute
hypocrisie, de se comporter honnetement en affaires,
et de se rendre responsables de toutes choses,
en sorte que rien ne soit gaspille ni perdu.

Les devoirs des shridras sont : d’être habiles
tous les travaux manuels, experts a faire la cuisine,
a servir les dvijas avec amour et a pourvoir a leur
propre subsistance grace a ces travaux. Les dvijas
devraient procurer aux shildras le logement, la
nourriture, le vetement, subvenir a tous les frais de
leur mariage, etc… ou leur payer un salaire mensuel.
Les quatre classes doivent travailler ensemble,
harmonieusement et d’un seul cceur, au bien public
et au regne de la justice. Tous partageront les joies et
les chagrins, les. plaisirs et les peines les uns des
autres, et travailleront de toute leur ame au bien
de leur pays et de few’ peuple avec les moyens
materiels dont ils disposent.

Separation des epous
•Le mari et la femme ne devraient jamais se
separer. Car « manger de la viande, boire des
liqueurs enivrantes, frequenter mauvaise compagnie,
se separer de son epoux, courir d’un cote et
d’Un autre (dans le but de visiter de saintes per-
sonnes, qui sont en fait des imposteurs), se livrer au
sommeil et habiter dans la maison d’un autre (par
libertinage), tels sont les six vices qui peuvent
contaminer le caractere d’une femme. » (Manu, IX,
13.) Ces memes vices corrompent egalement le
caractere d’un homme.

La separation entre la femme et le mari est de
deux sortes : 1°) par le fait d’un voyage de l’une des
parties (par exemple, voyage d’affaires a l’etranger);
2°) causee par la mort d’un des epoux.
On evitera le premier genre de separation en
voyageant ensemble. Le mari et la femme ne
devraient jamais se separer pour longtemps.
(Les pages suivantes abordent la question du remariage
des veufs et des veuves, et exposent en detail la
coutume du niyoga. Avant d’en donner un résumé, nous
croyons devoir affirmer qu’en fait l’ Arya Samdj preche
le remariage des veufs et des veuves, et le pratique d’une
maniere constante. Par contre, la coutume du niyoga
n’est plus du tout en usage dans l’Inde actuellement .

Dayeznanda Sarasvati l’ a dit lui-meme, ce qui
importe, c’est l’esprit d’un enseignement, non la
lettre. En pratique, it s’ agit de l’adapter avec discerne
► zent au pays et a l’epoque ou l’on vit. C’ est ce
qu’ ont tente de faire les disciples de Daydnanda
Sarasvati et on ne peut que les en feliciter.
Nous nous bornons ici a resumer les principaux
passages du livre qui traitent du niyoga. On trouvera
quelques remarques complementaires dans la preface)(1).

L’auteur condamne en bloc : le remariage des
veufs et des veuves, la polygamie et la polyandrie.
En effet, it est a craindre que ces pratiques n’aient
des consequences regrettables. Par exemple, elles
risquent de porter atteinte a l’amour conjugal et de
donner lieu a des querelles familiales au sujet du
partage des biens.
Une exception est faite en faveur de ceux dont le
mariage a ete celebre, mais non encore consomme;
ils ont le droit de se remarier, a condition d’accomplir
a nouveau les ceremonies rituelles requises,
et, sur ce point, l’auteur invoque Pautorite de
Manu (IX, 17).

Mais sauf dans ce cas particulier, les veufs et les
veuves ne doivent pas se remarier. II est preferable
qu’ils vivent dans la chastete.
Toutefois, ceux qui desirent des enfants peuvent
avoir recours a la pratique du niyoga, sorte d’union
temporaire, mais regie par des regles tres strictes.
Dans ce cas, la veuve demeurera dans la famille de
son mari. Les deux premiers enfants qui naitront
d’elle apres la mort de son mari porteront le nom
de celui-ci, vivront dans sa maison et heriteront de
ses biens.
Lorsqu’une femme a dej a eu deux enfants
qu’elle eleve elle-meme, les deux enfants suivants
appartiendront a l’homme avec lequel elle a contracts
le niyoga.

Cette coutume est consideree par l’auteur comme
le seul moyen d’eviter les liaisons clandestines,
l’adultere, la prostitution, et leurs consequences,
sans toutefois porter atteinte la saintete du mariage
envisage conune sacrement.
Lorsqu’un homme et une femme ont decide de
s’unir selon le niyoga, ils doivent_en faire la declaration
devant un conseil de famille, et observer
ensuite les regles traditionnelles prescrites (par
exemple : la femme ne choisira qu’un homme de sa
classe ou d’une classe superieure).

La coutume du niyoga remonte a une tres haute
antiquite, ainsi qu’en font foi plusieurs passages
des Vedas. (Rig Veda, X, 40, 2. Id. X, 18, 8. Rig
Veda, X, 85, 45. Atharva Veda, XIV, 2, 18.)
« Lorsqu’elle n’a pas eu d’enfant par son premier
mariage, une veuve peut s’allier par niyoga avec
un veuf; celui-ci pourra etre soit un frere aine, soit
un frere plus jeune du mari, ou son cousin (jusqu’au
sixieme degre), ou un homme de sa classe, ou d’une
classe superieure a la sienne. (Manu, IX, 59.)

On peut avoir recours au niyoga, mane au cours
de la vie conjugale, dans le but d’avoir des enfants,
si l’un des epoux est inapte a la procreation. One
femme abandonnee par son premier epoux peut
egalement choisir un mari selon le niyoga. « Lorsque
son mari est parti pour servir une cause juste, que
la femme l’attende pendant huit ans; lorsqu’il s’est
absente dans le but d’acquerir le savoir ou la gloire,
qu’elle l’attende pendant six ans; pour la poursuite
de biens materiels, pendant trois ans seulement.
S’il n’est pas de retour a l’expiration du terme
prescrit, qu’elle contracte un niyoga pour avoir des
enfants. r> (Manu, IX, 76.) Si le mari revient par la

suite, le niyoga sera annule. # Si la femme est sterile,
que le naafi attende pendant huit ans; si tous ses
enfants meurent, pendant dix ans; si elle n’a que
des fines, pendant onze ans; si elle parle d’une
facon deplaisante, qu’il la quitte sur-le-champ, et
qu’il s’allie par niyoga avec une autre femme et lui
donne des enfants. » (Manu, IX, 81.) De meme, si
le marl est trop difficile A vivre, it convient que la
femme le quitte pour avoir des enfants d’un autre
homme par niyoga, rnais ces enfants seront heritiers
du premier mari.

(Selon la coutume indienne, la vie de l’homme
traverse quatre &apes. D’ abord novice (brahmach kin),
it se livre a l’ etude en menant une vie de chas
ensuite, maitre de maison (grihastha), it se marie et
remplit ses devoirs dans le monde. Puis, anachordte
(vanaprastha), it prend sa retraite, generalement dans
une foret, et vit dans la meditation. Enfin, devenu
ascgte (sannyasin), le plus souvent itinerant, it renonce
de finitivement au monde et enseigne ceux qu’il
rencontre sur son chemin) (1).

* De meme que toutes les rivieres et tous les
fleuves vont se confondre dans l’ocean, de meme tous
les membres des autres ordres viennent chercher
un asile aupres du maitre de maison. » (Manu, VI,
90.) A quelque ordre qu’ils appartiennent, les
hommes ne peuvent accomplir convenablement leur
devoir qu’avec l’aide du maitre de maison.

De meme que tous les titres animes ne vivent
que par le secours de l’air, de m’eme tous les autres
ordres ne vivent que par le secours du maitre de
maison. Pour cette raison que les trois autres
ordres (brahmacharya, vanaprastha et sannyasa)
sont tous les jours soutenus par le maitre de maison,
dont ils recoivent des dons et de la nourriture, pour
cela l’ordre des chefs de famille est le plus eminent.
s (Manu, III, 77, 78.) « Que celui qui desire
jouir dans le ciel d’une felicite eternelle, et etre
toujours heureux ici-bas, accomplisse avec le plus
grand soin les devoirs de son ordre; les hommes
liches et de faible constitution ne sont pas capables
d’accomplir ces devoirs. » (Manu, III, 79.)

Tout ce qui concerne la vie, depend done de
l’ordre du maitre de maison. Si cet ordre n’existait
pas, Pespece humaine ne pourrait se multiplier et,
par consequent, les ordres du brahmacharya, du
vanaprastha et du sannyasa disparaitraient a leur
tour. Celui qui parle mal de cet ordre est lui-meme
digne de mepris, mais celui qui en parle bien
merite l’eloge. Toutefois, it faut se rappeler que
cet ordre n’engendre le bonheur que si le mari et la
femme sont heureux l’un par l’autre, instruits,
inergiques et pleinement conscients de leurs
devoirs. Le bonheur d’un maitre de maison a son
origine dans le brahmacharya et le marine par
choix mutuel.