Chapter Six

Raja Dharma ou la
Science du Gouvernement
Le grand Manu dit aux rishis : « Apres avoir
parle des devoirs des quatre classes et des quatre
ordres, nous decrirons maintenant le Raja Dharma,
ou devoirs et qualites requis des gouvernants.
En d’autres termes, nous nous demanderons :
quel homme est digne d’etre roi, comment doit-il
etre choisi, et par quel moyen peut-il atteindre a la
felicite supreme, au salut. « Qu’un kshatriya dont
la connaissance, la culture et la piete egalent celles
d’un brahmane, gouverne le pays en toute justice,
de la maniere suivante. (Manu, VII, 1, 2.)

« Dans l’interet des gouvernants et des gouvernes,
qu’il y ait trois Assemblees : 1) Religieuse. 2) Legislative.
3) Educative. Que chacune discute et
decide des sujets qui la concernent. Qu’elles
assurent a tous les hommes la connaissance, la
culture, la justice, l’independance et la richesse,
en sorte qu’ils soient heureux. » (Rig Veda, III,
38, 6.)
Que les trois Assemblees, les conseils militaires et l’armee travaillent harmonieusement
ensemble pour assurer le gouvernement du pays. *
(Atharva Veda, XV, 2, 9.)
Un roi devrait s’adresser a l’Assemblee en ces
termes : a Que le chef de l’Assemblee respecte les
lois justes votees par l’Assemblee, et que les autres
membres fassent de meme. » (Atharva Veda, XIX,
7, 55, 6.)

Cela signifie qu’aucun individu ne doit jouir
d’un pouvoir absolu. Le roi, qui est le president
de l’Assemblee, et l’Assemblee elle-meme, doivent
dependre l’un de l’autre. Tous deux doivent etre
controles par le peuple, lequel a son tour doit etre
gouverne par l’Assemblee.
Sinon, le roi, ne dependant pas du peuple et
jouissant d’un pouvoir absolu, a appauvrira le
peuple. Despotique et arrogant, it l’opprimera, et
mane le devorera, ainsi qu’un tigre bondit sur
un animal robuste et le mange. Un despote ne
permet a aucun autre de grandir en puissance; it
vole les riches, se saisit de leur propriete par le
moyen de chatiments injustes et realise ses desseins
egoistes. C’est pourquoi on ne doit jamais
conferer a un seul homme le pouvoir absolu. *
(Shatapatha Brahmana, XII, 2, 3, 7, 8.)

a 0 hommes I que, parmi vous, seul soft choisi
comme roi, president de l’Assemblee, l’homme
qui est un tres puissant conquerant de ses ennemis,
qui n’est jamais vaincu par eux, qui est le souverain
supreme, extremement eclaire, digne de devenir
un president, qui possede les qualites les plus
elevees, le caractere le plus noble; celui qui est
parfaitement digne de l’hommage, de la confiance
et du respect de tous. » (Atharva Veda, VI, 10, 98, 1.)

« 0 vous, hommes instruits ! Proclamez d’une
voix cet homme comme votre roi — president et
chef de l’Etat — celui qui est juste, impartial,
bien eleve, cultive, et qui est l’ami de tous. Ainsi
seulement vous atteindrez a la souverainete universelle.
Ainsi seulement vous serez plus grands
que tous, vous conduirez les affaires de l’Etat et
vous obtiendrez la grandeur politique. Ainsi seulement
vous acquerrez la richesse et vous debarrasserez
le monde de ses ennemis. » (Yajur Veda, IX,
40.)

Dieu enseigne dans les Vedas : « Gouvernants !
que vos instruments de guerre (tels que canons,
fusils, arcs, fleches, etc…) et votre materiel de ,
guerre (poudre a canon, etc…) soient dignes d’eloges,
solides et durables pour repousser et conquerir
vos ennemis. Que votre armee soit une armee
glorieuse, afin que vous soyez toujours victorieux.
Mais ce qui precede ne saurait etre realise par ceux
qui sont meprisables et injustes. * (Rig Veda, I,
39, 2.) En d’autres termes, ce n’est que dans la
mesure oil les hommes demeurent honorables,
justes et vertueux, qu’ils atteignent a la grandeur
politique. Lorsqu’ils deviennent mechants et injustes,
ils sont completement ruins.

Il importe donc d’elire comme membres de
l’Assemblee educative les hommes les plus instruits,
comme membres de l’Assemblee religieuse,
les plus pieux, et comme membres de l’Assemblee
legislative, ceux qui possedent le earaetere le plus
digne d’eloges. L’homme qui, parmi ceux-la,
possedera les qualites les plus excellentes et le
earactere le plus honorable, sera designe comme le
chef ou le president de l’Assemblee politique.
Que les trois Assemblees travaillent harmonieusement
ensemble, qu’elles fassent de bonnes
lois, et que tous respectent ces lois. Qu’elles s’accordent
sur les questions dont depend le bonheur
de tous. Tous les hommes devraient se soumettre
aux lois dont le but est de servir le bien general ;
ils demeurent libres en ce qui concerne leur bienetre
particulier.

Qualites requises du chef de 1’Etat
devrait etre puissant comme l’electricite;
aussi cher au cceur de ses sujets que leur souffle
meme; capable de lire les pensees secretes des
autres, equitable en rendant la justice. Il eclairera
le cceur de ses sujets par la diffusion de la connaissance,
de la justice et de l’equite ; it dissipera
l’ignorance et l’injustice, comme le soleil illumine le
monde. II devrait consumer la mechancete comme
le feu consume, tenir en respect les mechants et
les criminels comme un geolier, et rejouir le cceur
des bons comme la lune; rendre le pays riche et
prospere, comme un tresorier dont le tresor est
toujours plein. Puissant et majestueux comme le
soleil, qu’il se fasse craindre de son peuple, et que
personne au monde n’ose le regarder d’un veil
severe. Lui seul est digne d’être le chef de l’Etat
qui est semblable au feu, a l’air, au soleil, a la lune,
a un juge, a un tresorier, a un geoliei; celui qui
est puissant comme l’electricite. (Manu, VIII,
4, 6, 7.)

Le vrai roi
<4 La loi seule est le souverain veritable, qui
dispense la justice et la discipline. La loi assure
la securite des quatre classes et des autres ordres,
leur permettant de remplir convenablement leurs
devoirs respectifs. La loi seule est le veritable
administrateur qui maintient l’ordre parmi le
peuple. La loi seule est le protecteur. La loi veille
tandis que tous les autres dorment; c’est pourquoi
le sage considere la loi seule comme le droit et le
devoir. Lorsqu’elle est Bien administree, la loi
rend tous les hommes heureux; mais appliquee
a tort, sans tenir compte des necessites de la justice,
elle mene le roi a sa ruin. Les quatre classes
seraient gagnees par la corruption et it n’y aurait
plus rien que desordre si la loi n’etait appliquee
avec justice. La loi est comparee a un homme
redoutable, de couleur sombre, avec des yeux
rouges, inspirant la crainte aux hommes et les
empechant de commettre des crimes

La oil son
regne est supreme, les hommes ne se detournent
pas du droit chemin, et ils vivent dans le bonheur
s’ils sont gouvernes par un homme juste et instruit.
Celui-la seul est considere par les sages comme
digne d’administrer la loi, qui dit la verite, est
reflechi, doue d’intelligence et particulierement
apte a acquerir la vertu, la richesse, et a realiser
ses justes desirs.
* La loi administree par le roi favorise grandement
la pratique de la vertu, l’acquisition de la richesse,
et elle assure la realisation de ce que le peuple
desire en son cceur. Mais cette meme loi merle a
la ruine un roi sensuel, indolent, ruse, malveillant,
mesquin et d’esprit bas.

» Grand est le pouvoir de la loi et grande sa majeste.
Elle ne saurait etre administree par un homme
ignorant et injuste. Sans remission, elle provoque
la chute du roi qui devie du chemin de la justice.
» La loi ne saurait etre administree par un homme
prive de savoir et de culture, ni par celui qui est
depourvu de sages conseillers, ni par un roi qui
sombre dans la sensualite. Seul est capable d’administrer
la justice, celui qui est sage, pur de cceur,
veridique de caractere; celui qui recherche la compagnie
des gens de bien, qui se conduit conformement
a la loi et choisit pour l’aider dans sa
Oche des hommes vraiment bons et grands. » (Manu,
VII, 17, 19, 24, 28, 30, 31.)

Principales fonctions d’Etat
Les quatre fonctions principales commandement
en chef des armees, direction du gouvernement
civil, ministere de la justice, et direction
supreme (assuree par le roi), doivent etre confiees
seulement a ceux qui comprennent bien le Veda
et les Shastras, et connaissent les sciences et la
philosophic; aux hommes pieux qui dominent
parfaitement leurs desirs et leurs passions et qui
possedent un caractere noble.
* Que personne ne conteste la loi voice par une
assemblee de dix hommes sages et erudits, ou par
un conseil d’au moins trois hommes possedant ces
qualites. Les membres de l’Assemblee connaitront
les quatre Vedas, la logique, la langue, la science
de la religion. Its doivent appartenir aux trois
premiers ordres brahmacharya, grihastha et
vanaprastha.

» Merne la decision d’un sannyasin connaissant
parfaitement les quatre Vedas et superieur a tous
les dvijas, doit etre consideree comme l’autorite
supreme. Que nul ne se range a la decision de
milliers d’hommes ignorants.
Meme la reunion de milliers d’hommes ne
peut pas etre consideree comme une assemblee
si ces hommes sont dertues de vertus telles que
la maitrise de soi, la veracite, s’ils sont ignorants
des Vedas, s’ils sont depourvus de comprehension
ainsi que des shildras. » (Manu, XII,
100, 110, 115.)

Qualites requises des membres de l’Assemblee
politique
« Seuls sont qualifies pour remplir les hautei
fonctions (comme celles de president, ou de membre
de l’Assemblee politique) ceux qui ont appris les
trois sortes de connaissance : l’action bonne et
a pratique, l’elevation de l’esprit par la meditation
et la contemplation d’objets abstraits, et la sagesse
superieure.
s Que le roi apprenne de ceux qui possedent les
quatre Vedas, la vraie methode de gouvernement,
la science de la logique, la science divine qui consiste
dans la connaissance de la nature, du caractere
et des attributs de Dieu, et les arts de l’eloquence
et de la discussion. Que les membres et les
chefs du gouvernement marchent toujours sur le
chemin de la droiture, qu’ils maitrisent parfaitement
leurs sens et se gardent du peche. Qu’ils
pratiquent constamment le yoga et meditent sur
Dieu matin et soir, car celui qui est incapable de
gouverner son esprit et ses sens qui sont les
sujets de l’ame — ne saura jamais gouverner le
peuple.

Qu’il evite avec le plus grand soin les vices qui
conduisent a une fin malheureuse, parmi lesquels
dix naissent de l’amour du plaisir et huit de la
colere.
Un souverain adonne aux vices provenant de
l’amour du plaisir perd son royaume, sa richesse,
son pouvoir et meme son caractere. S’il se livre
aux vices causes par la colere, it peut rneme perdre
l’existence.
* Les dix vices provenant de l’amour du plaisir
sont : (1) La chasse, (2) le jeu (jeu de des, etc…),
(3) le sommeil pendant le jour, (4) la medisance et
le bavardage, (5) les exces sexuels, (6) l’usage d’in toxicants, tels que l’alcool, l’opium, etc…, (7) un
gout excessif pour le chant, (8) la danse ou (9) la
musique instrumentale, (10) les voyages inutiles.

» Les vices engendres par la colere sont: (1) L’empressement
a divulguer le mal, (2) la violence, (3)
la malveillance, (4) l’envie, (5) la calomnie, (6)
l’action de depenser de l’argent dans un but mauvais,
(7) le fait de prononcer des paroles mechantes
et dures, (8) le fait de punir un innocent.
Qu’il evite par-dessus tout l’egoIsme : tous
les hommes sages savent que l’egoisme est a la
racine de tous les maux nes de l’amour du plaisir
ou de la colere.
* L’usage des intoxicants, le jeu, les femmes et
la chasse, sont les plus funestes des vices nes de
l’amour du plaisir.

* Le fait de punir un innocent, la calomnie,
l’action de depenser de l’argent dans un but reprehensible,
tels sont les trois vices les plus pernicieux
parmi ceux qui naissent de la colere.
* Et dans l’ensemble des huit vices mentionnes,
les premiers dans l’ordre doivent etre consider&
comme plus graves que ceux qui suivent.
Il est certain que mieux vaut mourir que de
s’adonner au vice; en effet, plus la vie du mechant
se prolongera, plus de peches it commettra, tornbant
ainsi de plus en plus bas et souffrant toujours
davantage. Tandis que l’homme exempt de vices
jouit de la felicite meme apres sa mort. » (Manu, VII,
43 a 53.)

QuaHas requises des mi’n istres et des membres
des Assemblees
Que le roi choisisse sept ou huit ministres,
bons, justes et habiles, nes dans le pays, verses
dans la connaissance des Vedas et des Shastras,
tres courageux, de jugement droit, nes dans une
famille honorable et dont la fidelite soit assuree.
* Meme une chose fres facile en elle-meme
devient difficile pour un homme seul. A plus forte
raison la grande tiche du gouvernement d’un pays.
C’est pourquoi rien n’est plus dangereux que de
faire d’un homme un despote et de confier it lui
seul les affaires de l’Etat.

* Il convient donc que le roi etudie constamment,
avec des ministres capables et instruits, les problemes
de l’Etat, tels que : (1) la paix; (2) la guerre;
(3) la defense, qui consiste a proteger paisiblement
le pays contre une attaque etrangere possible, en
se tenant pret a toute eventualite; (4) l’offensive,
qui consiste a attaquer un ennemi mechant loraqu’on
est soi-meme assez fort ; (5) l’administration
convenable des affaires interieures de l’Etat, des
finances et de l’armee ; (6) la pacification des
pays nouvellement conquis en mettant ordre aux
troubles qui pourraient s’y produire.
Ayant consulte individuellement chacun de ses
ministres et les membres de l’Assemblee, qu’il se
range aux decisions de la majorite et les execute
au mieux de ses interets et de ceux de son peuple.

* Qu’il designe, de meme, d’autres ministres
integres, hes instruits, d’esprit resolu, experiment&
et habiles organisateurs.
Autant d’hommes sont necessaires pour que
les affaires soient adrninistrees convenablement,
autant le roi doit prendre a son service de gens
actifs, capables et d’une vertu eprouvee.
• Parini eux, qu’il confie a ceux qui sont braves,
intelligents, de bonne famille et integres, des situations
comportant des dangers et de grandes responsabilites.
Que les hommes plus timores soient employes
a l’administration des affaires interieures.

* Qu’il fasse choix egalement d’un ambassadeur
d’une illustre naissance, tres habile, verse dans la
connaissance de tous les Shastras, parfaitement
honnete, capable de lire les pensees les plus secretes
d’autrui et de predire l’evolution des evenements
en observant l’expression des visages, sachant
interpreter les signes, la contenance, les gestes et
les actions.
• Seul est qualifie pour le poste d’ambassadeur
un homme bien -instruit des questions politiques,
ayant a cceur les interets de son pays, irreprochable
dans ses mceurs et incorruptible, pur de cceur,
hautement intelligent, doue d’une excellente
memoire, capable de s’adapter aux usages et coutumes
de, pays differents et d’epoques diverses, de
belle prestance, intrepide, eloquent.* (Manu, VII,
54 a 57, 60 a 64.)

Devoirs des ministres et autres hauts fonctionnaires
(c Le pouvoir d’appliquer la loi sera confie a un
ministre capable de l’administrer avec justice. Le
Tresor et autres affaires de I’Etat dependront du
roi. La paix et la guerre, de l’ambassadeur. Et
toutes choses seront sous le controle de l’Assemblee.
Seul l’ambassadeur peut rapprocher les ennemis,
ou diviser les allies. Il doit faire en sorte de diviser
ceux qui sont unis contre son pays.
Etant completement instruit de tous les desseins
d’un souverain etranger, que le roi (le president
de l’Assemblee) prenne les plus grandet
precautions pour que ce souverain ne puisse lui
nuire en aucune maniere.

s Dans un pays richement boise, ou le sol est
fertile, qu’il se construise une ville protegee par
une forteresse, ou bien entouree de fosses remplis
d’eau, ou de bois impenetrables, ou protegee par
des hommes armes, ou par une montagne.
Qu’il fasse construire un rempart autour de la
cite, car un seul soldat brave et bien arme place
sur un rempart peut tenir tete a cent ennemis, et
cent soldats a des milliers. C’est pourquoi it est
extremement necessaire de construire une forteresse.
Celle-ci doit etre pourvue d’armes, de munitions,
de grains et de vivres, de moyens de transport
et de betes de somme, etc… Il s’y trouvera
ausai des brihmanes, des artisans, diverses sortes
de machines, du fourrage et autres nourritures
pour les animaux, de l’eau, etc…

» Au centre de la ville, que le roi fasse construire
les batiments necessaires a tous les services du
gouvernement; qu’ils soient bien abrites du vent,
entoures de pares et de jardins, et bien pourvus
d’eau.
» Lorsqu’il aura acheve ses etudes dans l’ordre du
brahmacharya et assure la bonne marche des affaires
de l’Etat, que le roi prenne une epouse de la meme
classe que lui, appartenant a une grande
pleine de beaute et d’autres qualites excellentes,
chore A son cceur et doll& de manieres charmantes.
Qu’elle soit son egale en savoir, en talents et en
caractere. Qu’il ne prenne qu’une seule femme et
n’en convoite aucune autre.

Qu’il choisisse un conseiller spirituel et un
chapelain charges de celebrer le homa et les
yajnas convenables selon les •saisons, de meme
que les autres ceremonies religieuses. Que le roi
se consacre lui-meme nuit et jour aux affaires de
l’Etat, evitant que le desordre s’y introduise. C’est
la le premier devoir d’un roi ; c’est ainsi qu’il rend
son culte et pratique son dharma. » (Manu, VII,
65, 66, 68, 70, 74 a 79.)

Revenu
A Que le roi fasse percevoir son revenu par des
hommes de confiance doues d’un excellent caractere.
Comme president de l’Assemblee, qu’il
observe les principes eternels enseignes par les
Vedas, ainsi que les ministres et autres fonctionnaires;
que tous soient des peres pour le peuple.
Que l’Assemblee nomme des inspecteurs charges
de s’assurer que les fonctionnaires de I’Etat, dans
les diverses provinces, remplissent convenablement
leur tache et soient honor& pour les services
rendus. Les fonctionnaires indignes seront ditment
punis.
Afin de repandre la connaissance du Veda, qui
est l’imperissable tresor des monarques, que le roi
et l’Assemblee temoignent le respect convenable
aux etudiants qui rentrent de leurs seminaires
apres avoir etudie les Vedas et les Shastras dans
l’ordre du brahmacharya, ainsi qu’a leurs professeurs.
Ceci contribue a la diffusion de (‘education
et au progres du pays.

Lorsqu’un roi consacre au bien-titre de son
peuple est defie par un ennemi qui l’egale, le
surpasse, ou lui est inferieur en forces, qu’il se
rappelle le devoir d’un kshatriya et qu’il ne se
detourne jamais du combat. Qu’il combatte avec
cette habilete qui assure la victoire.
* Les souverains qui 1combattent avec un grand
courage et sans se detourner du champ de bataille,
dans le but de vaincre leurs ennemis, obtiendront
la felicite. Its ne doivent jamais tourner le dos au
champ de bataille, mais it est parfois necessaire de
se dissimuler aux yeux de l’ennemi afin d’obtenir la
victoire. 11 convient alors d’employer toutes sortes
de tactiques afin d’assurer le succes du combat.
Mais qu’un roi ne perisse \jamais stupidement
comme un tigre qui, mis en colere, s’expose etourdiment
an feu et se fait tuer.

# Sur le champ de bataille, que les soldats se
rappellent le devoir des hommes d’honneur. Qu’ils
ne frappent jamais un non-combattant ni un
eunuque, ni celui qui, les mains jointes, demande
grace, ni celui dont les cheveux sont defaits et
emmeles (devant ses yeux), ni celui qui est assis a
son aise, ni celui qui dit : <4 je suis a to merci!
ni un homme endormi, ni celui que l’on decouvre
inconscient, ou en pleine crise, ni celui qui est
desarme, ou nu, ou celui qui regarde le combat sans
y prendre part, ni celui qui est simplement attache
an camp, ni celui qui souffre de ses blessures, ni
un invalide, ni celui qui est grievement blesse, ni
un homme en proie a la terreur, ni un fuyard.

Ceux-ci seront faits prisonniers et on leur
donnera a boire et a manger et tout ce qui leur
sera necessaire. Les blesses recevront des soins
medicaux. On ne devra jamais les inquieter ou les
faire souffrir. On les emploiera a un travail choisi
selon leur rang et leurs capacites. Le roi devra
veiller tout particulierement a ce que personne ne
frappe une femme, un enfant, un vieillard, un
homme hies* un homme afflige de chagrin ou de
maladie.
* Le roi elevera et protegera les enfants de ses
prisonniers comme les siens propres. Il veillera
egalement a ce que les femmes soient pourvues du
necessaire et it les considerera comme ses propres
filles et ses propres sceurs. Lorsque le pays aura
retrouve la paix, it conviendra de renvoyer chez
eux les prisonniers qui ne risquent pas de fomenter
une nouvelle rebellion, mais ii est preferable de
garder en prison ceux qui pourraient lever l’etendard
de la revolte.

* Le lache qui tourne le dos au champ de bataille,
s’il est tue par l’ennerni, est ainsi justement puni
de sa deloyaute envers son chef. Si ce fuyard qui a
ete tue avait fait provision de quelques bonnes
oeuvres assurant sa felicite dans ce monde et dans
l’autre, son chef en retirera tout l’avantage.
* Que le roi ne viole jamais la loi suivante : les
vehicules, les chevaux, les elephants, les tentes, les
parasols, le grain, l’argent et l’or, le betail (tel que
les vaches), les femmes, l’huile et le beurre, etc…
sont la recompense legitime de l’officier ou du
soldat qui les acquiert par la guerre. Ceux qui
ont saisi ce butin doivent en donner la seizieme
partie au souverain. De meme que le souverain doit
distribuer a toute l’armee la seizieme partie du
butin collectif. * (Manu, VII, 80 a 82, 87, 89, 91 a
97.)

La veuve et les orphelins du guerrier qui a peri
dans la bataille heriteront de sa part. Le roi veillera
sur eux jusqu’a ce que les enfants, ayant grandi,
aient obtenu une situation convenable.
Le roi qui desire augmenter la prosperite de son
Etat et conquerir la gloire, la victoire et la felicite,
observera les preceptes suivants :
« Ce que le roi et l’Assemblee n’ont pas, qu’ils
s’efforcent de l’acquerir; ce qu’ils ont gagne, qu’ils
le conservent avec vigilance; en le conservant
qu’ils l’augmentent; ayant augmente ces richesses,
qu’ils les depensent en liberalites, pour repandre la
connaissance des Vedas, les principes -de la vraie
religion, en aidant les lettres et les predicateurs, en
elevant les orphelins. Il importe d’eviter la paresse
et de mener une vie active.

Qu’il agisse toujours loyalement et n’ait jamais
recours a la fraude, mais se tenant constamment
sur ses gardes, qu’il se preserve des desseins perfides
de son ennemi.
* Qu’il reflechisse a l’acquisition de la richesse,
comme le heron qui prend une attitude meditative
juste avant d’attraper le poisson. Ayant augmente
sa puissance et s’etant pourvu du materiel necessaire,
qu’il deploie sa valeur comme un lion pour vaincre
son ennemi. Comme le tigre, qu’il attaque furtivement
son ennemi et le saisisse. Lorsqu’un adversaire
puissant s’approche de lui, qu’il s’enfuie
comme un lievre, et le rejoigne ensuite par stratagame.

Que son adversaire ne connaisse pas son cote
faible; mais qu’il sache lui-meme decouvrir les
points vulnerables de son ennemi. Ainsi la tortue
retire ses membres et les derobe aux regards.
» Qu’un souverain victorieux soumette a son
autorite ceux qui s’y opposent, les voleurs, etc…
par la conciliation, en leur donnant des presents,
ou en semant la division parmi eux, et si ces moyens
restent inoperants, par des chatiments.
* De meme qu’un cultivateur rejette l’ivraie
et preserve le bon grain, ainsi le roi doit proteger
son peuple en eliminant les voleurs et les criminels.
s Le monarque qui, negligeant son devoir et
manquant de perspicacite, opprime son peuple,
est bientot prive de la vie et de la royaute ainsi que
tous ses parents.

* De meme que l’epuisement du corps detruit la
vie chez les titres animes, de mane les rois et leur
famine detruisent ‘eur pouvoir en opprimant leurs
sujets.
* C’est pourquoi ii convient que le roi et l’Assemblee
se conforment toujours aux regles suivantes,
afin d’assurer le bon gouvernement de l’Etat.
Qu’il institue un centre administratif pour
deux, pour trois, pour cinq et pour cent villages.
Chacun de ces bureaux comportera le nombre
necessaire de fonctionnaires pour assurer le gouvernement.
Qu’il designe un chef pour chaque
village, un chef pour dix villages, un chef de vingt,
un chef de cent, un chef de mille villages.

* Le chef d’une commune doit chaque jour faire
connaitre confidentiellement au chef de dix communes
les crimes et les desordres survenus dans sa
juridiction ; le chef de dix communes doit en faire
part au chef prepose pour vingt.
* Le chef de vingt communes doit notifier le tout
au chef institue pour cent, et ce dernier doit luimerne
transmettre l’information au chef de mille
communes. *
En d’autres termes, cinq chefs de vingt communes
a un chef de cent, dix chefs de cent a un chef de_ lix
mille, et le chef de dix mine a une Assemblee qui
gouverne les affaires de cent mine communes; et
toutes cesAssemblees a leur tour a une Assemblee
internationale supreme qui gouverne le monde
entier.

« A la tete de dix mille communes, qu’il etablisse
deux fonctionnaires principaux. L’un presidera
l’Assemblee, tandis que l’autre voyagera dans toute
la region, inspectant avec diligence le travail et la
conduite des magistrats et de tous les autres fonctionnaires.
* Pour les seances des conseils municipaux, it
sera construit un hotel de vine dans chaque cite de
quelque importance. Ce batiment sera vaste, et
beau comme la lune. C’est la que les membres du
conseil municipal, qui doivent etre des hommes
d’experience et de grand savoir, delibereront sur
les affaires de la vine; ils promulgueront des lois
susceptibles d’assurer le bien-etre et l’education du
peuple.

Le gouverneur-inspecteur doit se faire rendre
un compte exact par ses emissaires de la conduite
des fonctionnaires dans le territoire soumis a sa
juridiction. Qu’il punisse ceux qui ne sont pas
fideles dans l’accomplissement de leur devoir.
Qu’il honore ceux dont la conduite est digne
d’eloges.
* Les fonctionnaires nommes par le roi doivent
etre des hommes vertueux, de grande experience,
instruits et de bonne famine. Sous les ordres de ces
hommes instruits, it placera egalement quelques
hommes mechants, tels que des voleurs, qui vivent
en s’emparant du bien d’autrui. Cela empechera
ces hommes de suivre une mauvaise voie, et ils
aideront au contraire proteger le peuple.

* Si un magistrat, ayant accepte des cadeaux du
plaignant ou du defendeur, rend un verdict injuste,
ii sera dilment puni par le roi. Depouille de ses
biens, it sera banni du royaume.
* Si cet homme demeurait impuni, d’autres
fonctionnaires seraient tenter de se laisser corrompre
egalement, tandis que la punition enrayera le
mal. Cependant, les fonctionnaires doivent etre
suffisamment retribues pour leurs services, soit par
des dons de terrain, soit par des sommes d’argent,
en sorte qu’ils vivent dans I’aisance. Qu’un ancien
fonctionnaire revolve, en consideration des services
rendus, une pension egale a la moitie de son
traitement. Cette pension prendra fin A sa mort.
Mais ses enfants seront honorer; on leur donnera
eventuellement des situations en rapport avec leurs
capacites. Dans le cas oil la veuve et les enfants
d’un fonctionnaire seraient denues de ressources et
incapables de gagner leur vie, l’Etat leur servira
une pension, qui sera suspendue si les beneficiaires
s’en montrent indignes. * (Manu, VII, 101, 104, 106,
105, 107, 110 a 117, 120 a 124.)

Imp8ts
* En accord avec l’Assemblee, et apres mare
consideration, quc le roi percoive des imp8ts dans
ses Etats de maniere a assurer le bonheur des gouvernants
et des gouvernes.
s De mane que la sangsue, le jeune veau et
l’abeille, ne prennent que petit a petit leur nourriture,
de meme ce n’est que par petites portions que
le roi doit prelever le tribut annuel dans son
royaume. Qu’une convoitise exageree ne le pousse
pas a detruire les racines memes de son bonheur
et du bonheur des autres; celui qui coupe les racines
du bonheur et de la prosperite temporelle n’attire
que la misere sur lui et sur autrui.

Que le souverain soit severe ou tolerant suivant
les circonstances; s’il est doux pour les bons et
severe pour les michants, it sera hautement estime.
Ayant ainsi organise les affaires de l’Etat, qu’il
protege ses peuples avec zele et vigilance, en
remplissant de la maniere prescrite tous les devoirs
qui lui sont imposes. Un souverain, dont les sujets
sont prives de la vie et de leurs bier’s alors qu’ils
se lamentent et appellent au secours, est veritablement
un mort et non un etre vivant.
* Le principal devoir des rois est d’assurer le
bonheur de leurs sujets. Le roi qui accomplit
fidelement son devoir, qui percoit les impots et
gouverne avec la collaboration de l’Assemblee,
jouit du bonheur. Mais celui qui n’accomplit pas
son devoir recolte la misere et la souffrance. s
(Manu, VII, 128, 129, 139, 140, 142 a 144.)

S’etant leve a la derriere veille de la nuit, ayant
fait ses ablutions, qu’il medite sur Dieu de toute son
attention, qu’il accomplisse le homa, qu’il offre
ses hommages aux hommes erudits et pieux, qu’il
prenne son repas, et qu’il entre ensuite dans la salle
d’audience.
Lorsqu’il s’y trouve, qu’il temoigne de la consideration
aux personnes presentes. Lorsqu’il a
congedie les visiteurs, qu’il consulte son premier
ministre sur les affaires de l’Etat.
Qu’il sorte ensuite a pied ou a cheval, cherchant
le sommet denude d’une montagne sans le
plus petit arbre derriere Lequel on puisse se cacher,
ou bien une maison a l’ecart, pour discuter avec
son ministre en toute sincerite.

Ce roi, dont les pensees profondes ne sont pas
connues des autres hommes qui se reunissent entre
eux, en d’autres termes, dont les pensees sont
penetrantes, pures, cachees et convergent vers le
bien public, ce roi, bien que pauvre, regnera sur
toute la terre. Qu’il ne decide pas une-seule chose
sans l’assentiment de l’Assemblee. » (Manu, VII,
145 a 148.)
Le roi et les autres fonctionnaires investis de
l’autorite auront a se determiner, selon les circonstances
: (1) a rester passifs, (2) a se mettre en
marche, (3) a faire la paix, (4) a faire la guerre,
(5) a diviser leurs forces pour s’assurer la victoire,
(6) a rechercher l’alliance ou la protection d’un
souverain puissant s’ils sont faibles eux-mimes.

Lorsqu’un roi se rend compte qu’une guerre
entreprise immediatement serait nefaste, tandis que,
par la’ suite la victoire serait certaine, qu’il ait
recours aux negociations pacifiques, attendant
patiemment une occasion favorable.
» Mais lorsqu’il voit que son peuple et son
armee sont heureux, prosperes et pleins d’energie,
et lui de meme, qu’il declare alors la guerre a
son ennemi.
Lorsqu’il est parfaitement stir que son armee
est contente et bien approvisionnee en vivres et en
vetements, et que c’est le contraire chez son ennemi,
qu’il entre en campagne contre l’adversaire.

Lorsqu’il trouve un ennemi beaucoup plus
puissant que lui, qu’il realise son but en doublant
ou en divisant ses troupes.
* Mais lorsqu’il est certain que les ennemis ne
tarderont pas a marcher contre lui, qu’il recherche
sans tarder la protection d’un souverain juste et
puissant en faisant alliance avec lui.
» Celui qui l’aidera a retablirTordre parmi son
peuple, ou a rester maitre de son armee,-ou a tenir
en respect les forces ennemies, it doit l’honorer de
tout son pouvoir, comme on honore son instructeur
— spirituel et ternporel.

Mais s’il s’apercoit que son protecteur est plein
de mauvais desseins, qu’il n’hesite as a lutter
egalement contre lui, avec courage. Qu’il ne se
montre jamais hostile envers un roi juste et vertueux.
Qu’il se maintienne au contraire en bons
termes avec lui. On ne doit recourir a toutes les
mesures qui precedent que pour vaincre un mechant
hornme, s’il est au pouvoir. » (Manu, VII, 161, 169
a 171, 173 a 176.)
Un souverain, s’il est un veritable homme
d’Etat, doit prendre les dispositions necessaires
pour que ses allies, les puissances neutres et ses
ennemis n’aient aucune superiorite sur lui.

» Qu’il examine a fond les avantages et les desavantages
de ses actions passees, de ses devoirs
presents et a venir. Qu’il s’efforce d’ecarter tous
les maux, et d’obtenir de bons resultats.
» Celui qui comprend ses erreurs passees, qui
sait prevoir les consequences bonnes ou mauvaises
qui resulteraient de telle ou telle mesure a l’avenir,
s’il agit dans le present avec promptitude et selon
ses convictions, n’est jamais vaincu par ses ennemis.
Un homme d’Etat, et tout specialement le roi,
president de l’Assemblee, doit faire en sorte que le
pouvoir de ses allies, des puissances neutres et de
ses ennemis, ne depasse pas certaines limites. Ce
principe resume toute la politique; it importe de
l’observer sans negligence. # (Manu, VII, 177 a 180.)

Avant de se mettre en marche contre un ennenii,
qu’un roi prenne les mesures necessaires pour
assurer la sfirete de son royaume, qu’il se munisse
de tout ce qui sera necessaire a son expedition,
qu’il s’assure d’un nombre suffisant de soldats,
d’armes, de voitures et autres moyens de transport,
etc… Qu’il envoie des eclaireurs de tous cotes.
S’etant assure que les trois voies — par terre,
par eau et par air — sont libres et bien protegees,
qu’il voyage sur la terre a l’aide de chars, a pied,
a cheval ou a l’aide d’elephants; sur l’eau, par
bateau; et dans l’air, a l’aide d’aeronefs, etc…

S’etant muni d’infanterie, de cavalerie, d’elephants,
de chars, d’armes de guerre, de provisions et de
tout le necessaire, qu’il se dirige graduellement
vers la capitale de son ennemi, ayant au prealable,
exprime les raisons qui justifient son action.
» Dans ses conversations, qu’il se tienne en
garde contre tout homme qui, avec les apparences
d’un ami, est secretement d’intelligence avec
l’ennemi et lui communique des renseignements;
qu’il surveille etroitement cet homme; celui qui est
en realite un ennemi, tout en feignant l’amitie, doit
etre considers comme le plus dangereux des
ennemis.

Que le roi apprenne lui-meme, et fasse apprendre
a tous les fonctionnaires de 1’Etat et a d’autres
encore, la science et I’art de la guerre. Seuls les
guerriers experimentes sont capables de bien cornbattre
sur le champ de bataille. On enseignera aux
troupes les exercices suivants :
1. La marche en colonne par un.
2. La marche en colonne.
3. La fopmation en carre.
4. La marche en double (doublement).
5. La marche en echelon.
6. Le combat d’escarmouches.
* Lorsqu’il prevoit une attaque, qu’il deploie ses
troupes comme une fleur de lotus sur le flanc a
proteger.

Qu’il dispose ses troupes et ceux qui les cornmandent
sur les quatre cotes, se tenant lui-meme
au centre. Qu’il dispose ses generaux et ses comman
dants avec leurs valeureux soldats dans la direction
des huit points cardinaux. Qu’il fasse toujours
face a la bataille. Les flancs et l’arriere-garde seront
toujours convenablement proteges, de peur que
l’enneini ne les attaque. De tous cotes, it postera
des soldats formes a l’art de la guerre, solides
ainsi que les piliers d’un toit, vertueux, habiles
a charger l’ennemi et a faire face a l’attaque, intrepides
et fideles.

Lorsqu’il a a combattre un ennemi superieur
en nombre, qu’il dispose en phalange serree ses
soldats peu nombreux, pour les etendre ensuite
rapidement si les circonstances l’exigent. S’il doit
penetrer dans une ville, dans un fort, ou dans les
rangs ennemis, qu’il dispose ses troupes soft en
echelon, soit en forme d’epee a double tranchant;
ces troupes devront avancer en meme temps qu’elles
combattront. Si les troupes ont a faire face a une
fusillade ou au feu de l’artillerie, on leur commandera
de ramper comme des serpents pour s’approcher
des tireurs, avant de tirer sur eux ou de les
faire prisonniers. Les canons captures seront
retournes contre l’ennemi lui-meme. On pourra
egalement faire charger l’ennemi par la cavalerie,
en avant des canons, de bonnes troupes etant disposees
entre les deux. On tirera sur l’ennemi pour
disperser ses forces et on s’en emparera ensuite
par un vigoureux assaut.

En plaine, on combattra a pied, a cheval,’ ou
stir des chars; sur mer, avec des vaisseaux de guerre;
dans un endroit ou se trouvent des eaux peu pro
fondes, avec des elephants ; sur un terrain couvert
d’arbres et de broussailles, avec des arcs; dans un
terrain sablonneux, avec des epees et des boucliers.
» Lorsque ses troupes sont engagees dans la
bataille, que le roi les encourage. Par la suite, qu’il
rejouisse le cceur de ceux qui se sont distingues
par ses discours, et en leur assurant tout ce qui
est necessaire a leurs besoins, a leur confort, en les
aidant de toutes facons. Qu’il n’engage jamais la
bataille sans avoir dispose ses troupes de la maniere
requise. Qu’il observe toujours le comportement de
ses soldats afin de savoir s’ils accomplissent fidelement
leur devoir.

Le cas echeant, qu’il encercle l’adversaire et,
l’ayant ainsi bloque, qu’il attaque le pays, et prive
son ennemi de fourrages, d’eau, de vivres et de
combustible.
Qu’il detruise les reservoirs, les remparts des
cites et les tranchees de son ennemi; qu’il l’attaque
a l’improviste pendant la nuit et qu’il prenne toutes
les mesures necessaires afin de s’assurer la victoire.
* Apr& avoir vaincu son adversaire, qu’il signe
un traite avec lui. S’il le juge necessaire, it privera
le roi vaincu de son trone et le remplacera par un
autre prince de la meme dynastie. Celui-ci devra
s’engager par un acte signe a executer ses ordres,
c’est-a-dire a gouverner avec justice, a servir et
proteger ses sujets. Lui avant donne les conseils
necessaires, qu’il laisse aupres de lui des hommes
stirs, qui sauront prevenir tous desordres possibles.

II honorera l’ennemi vaincu par des presents
de joyaux et autres objets precieux. Qu’il ne soit
pas assez mesquin pour le priver de sa subsistance.
Meme s’il doit le retenir prisonnier, qu’il lui
temoigne assez de respect pour alleger le regret de
sa defaite et lui faire une vie agreable.
* En effet, lorsqu’on propriete d’autrui,
on recolte la haine, mais en repandant des bienfaits,
on recolte l’amour. Qu’il s’efforce par-dessus tout
de faire pour son ennemi ce qui convient au moment
opportun. Il est louable d’accorder a l’ennemi
vaincu ce que son cceur desire.
x II 9e devra jamais l’insulter, ni se moquer de
lui, ni metne lui rappeler sa defaite. En revanche, it lui
temoignei.a toujours son respect en s’adressant a lui
comme a son propre frere. H (Manu, VII, 184 a 192,
194 a 196, 203, 204.)

Qualites requises d’un allie
« Par l’acquisition de l’or et des territoires, un
roi n’augmente pas tant son pouvoir qu’en se
cOnciliant un ami aimant et stir, qui sait prevoir
l’avenir. Qu’il soft assez puissant pour l’aider
realiser ses desseins, ou qu’il soit faible, un tel ami
est precieux.
Il est bon qu’un roi s’assure un ami — meme
faible — qui connaisse le bien, qui soit reconnaissant
pour les services rendus, d’humeur joyeuse,
actif et perseverant.
ne convient pas de se faire l’ennemi d’un
homme instruit, d’une noble race, brave, habile,
liberal, reconnaissant, inebranlable et patient. Celui
qui fait d’un tel homme son ennemi est certain
d’en patir.

» H est appele neutre (ni ennemi, ni ami declare),
celui qui possede de bonnes qualites, l’art de connaitre
les hommes, la valeur, la bonte du cceur, et
qui ne trahit jamais le secret de son cceur.
* Qu’un roi se leve de bonne heure, qu’il se
baigne, qu’il rende son culte a Dieu, qu’il acco mplisse
le homa ou le fasse faire par son chapelain.
Qu’il consulte ensuite ses ministres, inspecte ses
troupes et les passe en revue en les encourageant;
qu’il inspecte aussi les ecuries des chevaux et des
elephants, les etables des vaches, les reserves
d’armes et de munitions, les hopitaux, le tresor;
bref, qu’il verifie tout de ses propres yeux et qu’il
releve les erreurs commises. Qu’il se rende au
gymnase, et qu’il rentre ensuite dans l’appartement
interieur pour prendre son repas avec sa femme. Sa
nourriture doit etre eprouvee avec le plus grand
soin, et choisie de maniere a favoriser la sante, la
vigueur, l’energie et l’intelligence. Il prendra des
aliments et des boissons varies, des mets doux,
juteux et d’odeur agreable, des sauces, des condiments,
etc… susceptibles de le preserver de la
maladie. » (Manu, VII, 208 a 211.)

Taux des imp:its
o Les commer cants et les artisans donneront au
roi une cinquantieme partie de leurs benefices en or
et en argent, et une sixieme, une huitieme, ou une
douzieme partie de leurs produits agricoles, tels
que le riz. » (Manu, VII, 130.)
Si le roi per coit Pimp& en argent et non en
especes, qu’il le preleve de telle sorte que ceux qui le
lui donnent n’aient pas a souffrir de la pauvrete et
soient (lament pourvus de tout le necessaire. Car
lorsque le peuple est riche, en bonne sante et vit
dans l’abondance, le roi prospere egalement. Qu’il
veille donc sur le bonheur de ses sujets comme s’ils
etaient ses propres enfants, et que le peuple considere
le roi, les ministres et les autres fonctionnaires,
comme ses protecteurs naturels, puisque c’est un
fait que les fermiers et autres producteurs de
richesses sont la veritable source du pouvoir royal.
Le roi est leur gardien.

S’il n’y avait pas de sujets,
de qui serait-il le roi ? Et, d’autre part, s’il n’y avait
pas de roi, de qui seraient-ils les sujets ? Que les
gouvernants et les gouvernes soient independants
les uns des autres dans l’accomplissement de leurs
devoirs respectifs, mais qu’ils se subordonnent les
uns aux autres pour tout ce qui exige l’harmonie
et la cooperation. Que le roi ne s’oppose pas a la
voix du peuple; que le peuple et les ministres ne
fassent rien contre le desir du souverain.
Nous avons brievement decrit les devoirs politiques
des rois. Ceux qui desirent se livrer a une
etude detaillee de la question peuvent consulter les
quatre Vedas, les lois de Manu, la Shukraniti, le
Mahabharata, et autres ouvrages.

Administration de la justice
L’administration de la justice est exposee dans
les chapitres VIII et IX des Lois de Manu. Nous
la decrirons brievement ici :
< Que le roi, la cour et les juges arbitrent chaque
jour l’un apres l’autre, selon les coutumes du pays
et les codes de loi, les differends classes sous les
dix-huit rubriques suivantes. S’il est necessaire
d’edicter de nouvelles lois — sur des points qui
n’ont pas ete t raft& dans les codes de lois des
rishis — ces lois seront con cues de maniere a
favoriser le bien-etre des gouvernants et des gouvernes.
Voici les dix-huit causes de dispute :
1. Les dettes.
2. Les depOts. Par exemple si un homme depose
un objet chez un autre et que celui-ci refuse
de le lui rendre.
3. La vente d’un objet appartenant a un tiers.
4. L’association formee contre un individu dans
un but criminel.
5. Le refus de rembourser un pret.
6. Le non-paiement, ou le paiement incomplet des
salaires.
7. Le refus de remplir des conventions.
8. Les disputes relatives a l’achat ou a la vente.
9. Les disputes entre le proprietaire d’un animal
et l’homme qui en prend soin.
10. Les disputes au sujet des limites.
11. Les mauvais traitements.

12. Les injures.
13. Le vol et le brigandage.
14. La violence.
15. L’adultere.
16. La negligence des devoirs conjugaux.
17. Les disputes relatives au partage des successions.
18. Le jeu (a l’aide d’objets animes ou inanimes).
Telles sont les dix-huit causes de dispute parmi
les hommes.
» Lorsque la justice blessee par l’injustice se
presente devant la cour, et que les juges ne lui
retirent pas le dard, ils en sont eux-memes blesses.
» Il faut ou ne pas venir au tribunal, ou parler
selon la verite; lorsqu’une injustice est perpetree
devant ses yeux, l’homme qui ne dit rien ou qui
profere un mensonge est un grand coupable.

Partout oil la justice est detruite par l’iniquite et
la verite par la faussete sous les yeux des juges, tous
les juges de ce tribunal sont comme morts, pas
un d’entre eux n’est en vie. La justice frappe
lorsqu’on la blesse; elle preserve lorsqu’on la
protege. Celui qui porte atteinte a la justice (cette
justice qui dispense le pouvoir et la prosperite et
repand le bonheur comme le ciel repand la pluie),
est considers par le sage comme le plus bas d’entre
les titres bas. Que nul homme ne porte atteinte a la
justice. La justice est le seul ami qui accompagne
l’homme apres le trepas ; tous ses autres compagnons
sont soumis a la meme destruction que le
corps. La justice n’abandonne jamais l’homme.

Lorsqu’une injustice est commise dans un
tribunal ou dans une Assemblee (lorsque les juges
montrent de la partialite envers l’une des parties),
l’injustice est divisee en quatre parts egales. Un
quart retombe sur celui des deux contestants qui
en est cause; un quart sur ses faux temoins; un
quart sur tous les juges (ou membres de l’Assemblee);
un quart sur le president du tribunal (ou de
l’Assemblee). Mais la od celui qui merite condamnation
est condamne, ou celui qui est digne de
louanges est loue, ou celui qui merite la punition
est chatie, ou celui ‘qui est digne d’honneurs est
honore, dans ce tribunal (dans cette Assemblee) le
president et les autres juges (ou membres de
l’Assemblee) sont innocents, et la mauvaise action
retombe sur celui-la seul qui l’a commise. * (Manu,
VIII, 3 a 8, 12 a 15, 17 a 19.)

Qualit& requises des temoins
On doit choisir comme temoins, dans toutes les
classes, des hommes dignes de confiance, instruits,
francs, connaissant bien leur devoir, exempts de
cupidite, et rejeter ceux dont le caractere est tout
l’oppose.
» Les femmes doivent rendre temoignage pour
des femmes; les dvijas pour des dvijas, les shildras
pour des shildras, les intouchables pour des intouchables.
» Toutes les fois qu’il s’agit de violence, de vol,
d’adultere, d’injures et de mauvais traitements, le
juge ne doit pas examiner trop scrupuleusement la
competence des temoins, car toutes ces choses etant
faites secretement, les temoins sont souvent difficites
a trouver.

n Si les temoignages sont contradictoires, qu’il
adopte I’avis de la majorite. Lorsqu’il y a egalite en
nombre, it doit se declarer pour ceux qui se distinguent
par leur merite. Lorsque tous sont egalement
recommandables, pour les meilleurs d’entre les
dvijas, les sages et les sannyasins, instructeurs de
l’humanite.
On peut admettre deux sortes de temoignages :
(1) Ce qui a ete vu, et (2) ce qui a ete entendu
par les temoins. Le temoin qui parle selon la verite
dans une Cour de justice ne s’ecarte pas de l’equite,
mais celui qui ment doit etre puni.
» Le temoin qui vient dire devant la cour, ou
devant une assemblee d’hommes respectables, autre
chose que ce qu’il a vu ou entendu doit avoir la
langue coupee. Il vivra ainsi dans le malheur et la
souffrance -durant le reste de ses jours. Et s’etant
parjure, it ne sera pas heureux apres sa mort.

Les depositions faites par les temoins de leur
propre mouvement doivent etre admises au proces;
mais tout ce qu’ils peuvent dire autrement, etant
influences par d’autres, ne doit pas etre recu par
la justice.
Lorsque les temoins sont assembles dans la
salle d’audience, en presence du demandeur et du
defendeur, que le juge leur parle de la maniere
suivante :
n 0 temoins! Tout ce qui s’est passe a votre
connaissance entre les deux parties dans cette
affaire, declarez-le avec franchise, car votre temoignage
est ici requis.

Le temoin qui dit la verite parvient aux sejours
supremes et jouit de la felicite. Dans cette vie meme
it atteint la renommee. Car les Vedas nous apprennent
que la parole est la cause de l’honneur comme
de la disgrace. Celui qui dit toujours la verite est
digne d’honneur, tandis que celui qui falsifie ses
discours merite la disgrace.
Un temoin s’honore en declarant la verite; la
verite fait prosperer la justice. Il convient donc que
les temoins de toutes les classes disent la verite,
et rien que la verite.

En verite, l’ame est son propre temoin, l’ame
est sa propre raison d’agir. 0 homme! tu es le
principal temoin pour d’autres que toi; ne detruis
pas la purete de to propre ame. En d’autres termes,
connais ce qui, est en ton esprit — et que tu vas
traduire en paroles — comme la verite, et le contraire
comme le mensonge. Le sage ne connalt pas
de plus grand homme que celui dont l’ame clairvoyante
ne ressent pas de crainte en disant la verite.
a 0 homme ! si tu desires obtenir le bonheur en
disant un mensonge, tu to trompes, car l’esprit
supreme qui ‘reside en ton ame voit tout le bien et
tout le anal que tu fais. Crains-le, o homme! et mene
(..onstamment une vie de verite. » (Manu, VI II, 63,
68, 72 a 75, 78, 79, 8i a 84, 96, 91.)

a Une deposition faite par cupidite, par amour,
par crainte, par amitie, par concupisccace, sous
l’empire de la faim ou de Ia colere, par ignorance ou
par enfantillage, est declaree non valable. Si un
temoin depose pour une de ces raisons, qu’un
chatiment approprie lui soit inflige.
» S’il fait une fausse deposition par cupidite, qu’il
soit condamne a quinze roupies, dix annas d’amende.
Si c’est par amour, a dix roupies, deux annas. Si
c’est par crainte, a six roupies, quatre annas. Par
amitie, a douze roupies, huit annas. Par concupiscence,
a vingt-cinq roupies. Par colere, a quarantesix
roupies, quatorze annas; par ignorance, a six
roupies; par enfantillage, a une roupie, neuf annas.

Les chatiments peuvent s’appliquer aux biens,
aux organes de la generation, au dos, a Ia langue,
aux mains, aux pieds, aux yeux, aux oreilles, au nez
et a tout le corps. L’importance des divers chatiments
variera selon la situation du coupable, son
caractere et ses disponibilites et selon le lieu, le
temps et la nature du delit.
Infliger un chatiment injuste detruit la reputation
et l’honneur, dans le passe, le present et
l’avenir en ce monde, aussi bien que la gloire apres
la mort. Qu’un juge se garde donc de punir injustement.
• Un roi qui punit les innocents, n’infligeant
aucun chatiment a ceux qui meritent d’être punis,
se couvre d’ignominie durant cette vie et sombrera
dans les profondeurs du malheur dans sa vie a venir.
11 importe donc que le coupable soit toujours puni
et que l’innocent ne le soit jamais.

• Qu’il punisse un premier alit par une repriRAJA
mande amicale, un second par des reproches severes,
un troisieme par une amende, un quatrieme, enfin,
par un chatiment corporel, par l’emprisonnement
ou par la peine de mort. » (Manu, VIII, 118 a 120,
126 a 129.)
Quel que soit le membre ayant servi au coupable
pour commettre un delit, le roi doit le lui
faire couper pour l’empecher de commettre a
nouveau ce meme
Quel que soit le coupable — un pere, un
precepteur, un ami, une epouse, un fils, un conseiller
spirituel — it merite d’etre puni s’il a manqué a ses
devoirs. En d’autres termes, lorsqu’un juge rend
la justice, qu’il ne montre de partialite envers personne,
et punisse ceux qui le meritent avec equite.

» Dans le cas ou un homme ordinaire serait puni
d’une amende d’un penny, un roi doit subir une
amende mule fois plus forte; le ministre, huit cents
fois plus forte; le fonctionnaire sous ses ordres,
sept cents fois ; le fonctionnaire subordonne a
celui-ci, six cents fois, etc. Meme le fonctionnaire le
plus modeste, comme par exemple un agent de
police, doit payer au moms huit fois plus qu’un
homme ordinaire, car si les fonctionnaires du
gouvernement ne sont pas punis plus severement
que les autres gens, ils prendront l’habitude de les
tyranniser.
Lorsqu’un homme connait parfaitement le bien
ou le mal de ses actions, et cependant commet un
vol, le montant de l’amende equivaudra a huit fois
la valeur de l’objet vole, s’il est un shildra; a seize
fois la valeur, s’il est un vaIshya; a trente-deux fois,
s’il est un kshatriya; a soixante-quatre fois ou
cent-vingt-huit fois la valeur, s’il est un brahmane.
Plus un homme possede de connaissance, de reputation
et d’influence, plus son chatiment sera
important.

S’il desire la richesse et la prosperite, et s’il
aime la justice, que le roi (ou toute autre personne
investie de l’autorite) ne differe pas un instant la
punition d’un homme qui commet de reprehensibles
violences, comme le vol, le brigandage, etc…
* Celui qui se livre a des actions violentes doit
etre reconnu comme plus coupable qu’un diffamateur,
un voleur ou un homme qui en attaque un
autre sans provocation.
* Le roi qui laisse impuni celui qui commet des
violences merite la reprobation publique et court
a sa perte.
Jamais, soit par motif d’amitie, soit dans l’espoir
d’un gain considerable, le roi ne doit laisser impuni
l’auteur d’actions violentes. Le criminel qui repand
la terreur parmi le peuple doit recevoir un juste
chatiment, comme la prison ou la mort.

Qu’il mette a mort sans hesitation celui qui est
convaincu du meurtre d’un autre (sauf le cas de
legitime defense), que ce soit son precepteur, son,
enfant, son pere, un homme age, un brahmane, ou
un grand lettre. ne commet aucun peche celui
qui condamne a mort un criminel convaincu de
meurtre (et autres crimes hautement reprehensibles)
execute publiquement ou en prive. C’est comme la
colere s’oppobant a la colere.

* Tres excellent est le roi dans le royaume duquel
on ne trouve ni un voleur, ni un adultere, ni un
diffamateur, ni un homme coupable de violence et
de brigandage, ni un transgresseur de la loi. * (Manu,
VIII, 334 a 338, 345 a 347, 350, 351, 386.)
« Si une femme, par orgueil familial, abandonne
son marl et lui est infidele, que le roi la condamne
a etre devoree par des chiens en public. De meme
si un marl abandonne sa femme et lui est infidele
avec d’autres, le roi fera bruler cet homme publiquement
sur un lit de fer rougi. (Manu, VIII, 371.)

Question : Qui punira le roi, la reine, le chef de
la justice ou sa femme, si l’un d’entre eux commet
des crimes aussi reprehensibles que l’adultere ?
Reponse : L’Assemblee (ou la Cour de justice).
Its seront punis plus severement encore que les
autres gens.

Q. : Le roi et autres hauts personnages souffriront-
ils que l’Assemblee ou la,tour de justice les
punisse ?
R. : Qu’est-ce donc qu’un roi, sinon un homme
doue de vertu et favorise par la fortune ? S’il demeu-
nrait impuni, comment les autres hommes obeiraientils
aux lois ? De plus, si le peuple, les personnes
investies de l’autorite et l’Assemblee considerent
qu’il est juste et necessaire de punir le roi, comment
pourrait-il refuser d’être chatie ? Si le roi et autres
personnages haut places se croyaient le droit d’agir
a leur guise, le roi, les ministres et autres hommes
au pouvoir nieraient tout simplement la justice et
requite, s’enfonceraient dans les profondeurs de
l’injustice et ruineraient le peuple aussi bien qu’euxmemes.
Rappelez-vous l’enseignement du texte vedique
qui proclame : En verite, la loi juste est le seul
souverain veritable, oui, la loi juste est la vraie
religion. »

Q. : Comment peut-on se considerer le droit
d’infliger des chatiments aussi severes, puisque
uul n’a le pouvoir de creer un membre ou de ressusciter
les morts ?
R.: Quiconque considere ces chatiments comme
trop severes ignore les principes du gouvernement
equitable. Infliger un lourd chatiment a l’un empeche
les autres de commettre des crimes semblables
et tend a les maintenir fermes dans requite.
En verite, ce soi-disant lourd chatiment n’est pas
plus lourd qu’une graine de moutarde lorsqu’il est
reparti entre tous les membres d’une societe, tandis
que la peine soi-disant legere, par son impuissance
a empecher le crime, est en fait mille fois plus
lourde, car elle se multiplie mille fois par une augmentation
proportionnelle des crimes.

« Que le roi percoive des droits sur tous les
bateaux et navires passant dans les canaux, les
baies et les rivieres, proportionnellement a la longueur
du trajet; pour la mer, it n’y a pas de fret
determine : on decidera au mieux selon les circonstances.
Pour de tels cas, it promulguera des
lois susceptibles de servir a la fois les interets de
l’Etat et ceux des proprietaires de bateaux.
» Que le roi veille constamment a la protection de
ceux de ses sujets qui se rendent dans divers pays
strangers grace a ces vaisseaux. Qu’ils n’aient a
souffrir en aucune fa con.
» Que le roi surveille chaque jour le resultat des
diverses mesures adoptees dans l’interet de l’Etat.
Qu’il inspecte les elephants, les chevaux et autres
moyens de transport. Qu’il etudie son revenu et ses
depenses, qu’il inspecte ses mines de pierres precieuses
et son tresor.

• C’est en accomplissant fidelement tous ces
devoirs qu’un roi evite toute faute et parvient a la
condition supreme. » ( Manu, VIII, 406, 419, 420.)
Q. : L’ancien systeme de gouvernement des
Aryas est-il parfait ou imparfait ?
R. : Il est parfait, parce que tous les systemes
de gouvernement actuellement en vigueur, ou –
ceux qui le seront dans l’avenir, ont eu et auront
tous comme base le systeme aryen de gouvernement.
Les lois qui n’ont pas ete enoncees de maniere
expresse sont prevues dans le texte suivant : < Que
le Parlement, compose de savants erudits, etablisse
des lois justes dans Pinter& des gouvernants et des
gouvernes. # (Manu, VIII, 3.)

Que le roi, de meme que ses conseillers, se rappelle
que le mariage precoce doit etre interdit dans
la mesure du possible; on ne permettra pas davantage
le mariage des adultes sans consentement
mutuel. Que le roi encourage la pratique du brahmacharya.
Qu’il supprime la prostitution et la poly
gamie, en sorte que le corps et l’ ame puissent
atteindre a la vigueur et a la puissance parfaites.
Car si la puissance intellectuelle et la connaissance
sont cultivees a l’exclusion .de la force physique,
un homme tres vigoureux peut avoir raison de
centaines de savants. D’autre part, si l’on ne recherche
que la force physique, a l’exclusion de
l’intelligence, les hautes fonotions du gouvernement
ne seront jamais accomplies ainsi qu’elles doivent
l’etre. Si les fonctionnaires ne recoivent pas la formation
convenable, si la connaissance fait defaut,
les devoirs ne seront pas remplis et l’harmonie ne
sera pas realisee.

Tout sera discorde, division,
disputes et rivalites, pour aboutir, en fin de compte,
a la ruine generale. C’est pourquoi it importe de
developper a la fois l’esprit et le corps. Rien n’est
aussi prejudiciable au developpement physique et
mental que la prostitution et les exces sexuels.
Pour les kshatriyas en particulier, la vigueur physique
est necessaire; s’ils sont lascifs, le gouvernernent
du pays est irrevocablement mine. II
impOrte de se rappeler constamment le proverbe :
« tel roi, tels sujets *. Le roi et autres personnages
doivent donc eviter constamment de se mal conduire.
Its donneront aux autres le bon exemple d’une
vie equitable et juste.
Nous avons ainsi decrit brievement les devoirs
des rois. Ceux qui desirent les etudier en detail
pourront se referee- aux textes suivants : Lois de
Manu (chapitres VII, VIII et IX), Shukraniti, Vidura-prajagar, Mahabharata (Raja Dharma et
Apaddharma du Shantiparva).

Its devront acquerir parfaitement la science du
gouvernement et l’art de regner sur un pays, sur
un empire, ou sur la terre entiere. Que tous consi-
&rent : * Nous sommes les sujets du Seigneur de
l’univers, le roi des rois. 11 est notre vrai roi et nous
sommes ses humbles sujets. * (Yajur Veda.)